> LGV et réforme territoriale : triste chronique du libéralisme désincarné appliqué aux territoires

10022015

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En janvier, j’ai pu assister à la conférence que donnait Robert Savy sur les enjeux locaux de la réforme territoriale, désormais adoptée par le Parlement, et consacrant d’ici quelques mois la disparition de l’entité administrative « Limousin ».

Si je n’avais que douze ans en 2004, à la date de son départ de la tête du Conseil régional, et donc de son retrait politique, Robert Savy reste pour moi une figure majeure et respectable de la vie politique locale. Une figure amène et bonhomme certes, mais aussi et surtout l’incarnation d’une volonté, d’une certaine idée de la fonction d’homme politique, entre exigence morale et engagement au service de la collectivité. Les commentaires de la salle comble abondaient d’ailleurs dans ce sens.

L’ancien homme fort du PS local, alerte et volontiers taquin, cogne gentiment mais sûrement sur les décisions de ses camarades. Son désengagement de la vie politique active doit aider. Peu importe. Robert Savy, qui n’a pas vécu que de la chose publique, loin s’en faut (cf. sa carrière au Conseil d’Etat et à l’université), continue de distiller des analyses aussi justes que percutantes. Ayant eu plusieurs fois l’occasion de s’étendre dans les médias régionaux sur les conséquences néfastes que cette réforme de la carte des régions augurait pour le futur-ex Limousin, il en déplore une fois de plus la dimension extrêmement libérale et injonctive. Et continue de s’inquiéter, à raison je le pense, du grand flou concernant les compétences – et donc les conséquences en termes d’emplois, de ressources financières et de représentation politique.

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Une proposition alternative qui avait du sens, exception faite sans doute d’Auvergne-Limousin. (M. Bodlore-Penlaez, pour Geobreizh.com)

Après un résumé assez critique des dernières mesures des récentes et futures réformes territoriales du gouvernement (notamment autour des métropoles, des nouveaux cantons et de la refonte des intercommunalités, dans une approche résolument concurrentielle), voici les idées majeures de son intervention.

Leitmotiv de son propos : la taille des régions – et donc le redécoupage ainsi imposé – est un mauvais argument. Le Limousin n’a jamais véritablement souffert de cela pour proposer des projets et se faire entendre dans les institutions européennes. Parler de « modèle européen » pour changer la taille des régions est une hypocrisie : il existe de toutes petites régions dans d’autres pays d’Europe, qui fonctionnent très bien – et l’on peut également penser à des régions gigantesques qui ont bien plus de mal à peser. Bien évidemment, Robert Savy a à cœur d’invoquer de façon positive son action à la tête de la Région. Non sans un brin de vanité sans doute, mais les mots sonnent forts. En filigrane, on aura compris la critique du fameux modèle idéal allemand, qui ne doit pas être comparé tel quel. Émerge à ce sujet la critique du lassant réflexe de révérence, encombrant et inapproprié, à l’égard du voisin allemand. En vérité, – et c’est là que la comparaison allemande pourrait être signifiante – le vrai débat concerne bien les compétences et les moyens. Or à ce jour, c’est encore très vague. Au final, Robert Savy parle d’une « réforme en trompe l’oeil », qui prétend s’attaquer à de vrais sujets (économies, simplification…) mais qui ne touche réellement qu’à une carte et qui « fait semblant » de renforcer véritablement les Régions. L’évocation qu’il fait des réussites du Limousin sert à appuyer l’idée précédente : les politiques d’accueil des nouvelles populations, le soutien au haut débit, l’amélioration des transports ferroviaires, les collaborations avec d’autres régions concernant l’Université ou le POLT, seraient autant d’exemples de la capacité du Limousin à être acteur plein et entier, indépendamment de ses modestes superficie et démographie.

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R. Savy et F. Hollande (A. Jocard, AFP)

Évoquant les conséquences directes de cette nouvelle organisation, Robert Savy nourrit des inquiétudes quant à l’emploi public en Limousin – inquiétude rassurée au moins en partie depuis par les garanties apportées par Marylise Lebranchu promettant une sanctuarisation des effectifs. En revanche, en ce qui concerne le quotidien vécu, la place de Limoges dans la future organisation des services de la grande région, la conduite de politiques garantissant des liens futurs entre Bordeaux et Limoges, le devenir des marges creusoise et corrézienne, on ne peut que s’en remettre à l’espoir… qui en politique n’est pas une garantie de réussite ! En bref, le propos de l’ancien président de région s’inscrit dans une lecture assez désolée du sort réservé au centre de la France, abandonné au mythe répétitif de la « diagonale du vide ».

Concernant l’idée d’un Limousin comme fait culturel, politique et social : certains intervenants ont fait valoir que cette identité ne disparaîtrait pas – ce que je pense aussi, mais R. Savy a souligné que les spécificités (difficultés comme réussites) du Limousin risquaient d’être effacées / ignorées par la fusion et l’intégration dans un nouveau grand ensemble (notamment par la dilution des statistiques, ce à quoi je n’avais pas pensé, il est vrai). Tout dépendra de la politique de proximité menée par la nouvelle région. Là encore, l’espoir.

Enfin, quelle représentation politique des territoires limousins ? Les élus limousins ne représenteront que 13 % des élus de la future grande région. Un intervenant, lors de la conférence, a réagi en faisant remarquer qu’après tout, c’était cohérent car fonction de la part de la population limousine dans le total. R. Savy a répliqué que tout dépendait de l’échelle de prise en compte, ce qui a fait écho à ses propos sur l’existence culturelle, politique, sociale du Limousin… et surtout brandi de nouvelles inquiétudes quant à la visibilité des problématiques sociales et économiques des territoires limousins.

On ressortait de cette riche intervention partagé entre la conviction d’avoir touché les vraies limites de la réforme, et le désarroi de ne pas en être bien rassurés. Quoi qu’il en soit, convaincus que le problème de cette réforme, au-delà des incertitudes qu’elle véhicule, reposait sur des considérations bien plus politiques que pragmatiques, et que par conséquent il posait de véritables questions d’ordre moral (proximité, légitimité, transparence, dialogue…) autour de l’absence de réelle prise en compte des êtres ! Le libéralisme débridé et désincarné appliqué aux territoires poserait donc des problèmes moraux ?

 

 

holande et DUPDans le même temps, l’adoption « surprise » de la Déclaration d’Utilité Publique – terme lourd de sens – de la Ligne à grande vitesse Limoges-Poitiers, est un autre coup dur porté à la fois au sens de l’action de nos élus, aussi légitimes soient-ils, et à la vision de l’aménagement du territoire que se devraient de défendre ces mêmes représentants du peuple.

Désavouée par la quasi-totalité des élus locaux et nationaux, décriée et condamnée par la totalité des rapports réalisés depuis deux ans par des collectifs et des organismes attachés à défendre l’intérêt public et la responsabilité financière et sociale, cette LGV a beau être morte-née, elle n’en réclame pas moins des financements en amont ! Certes les rails ne seront sans doute jamais posés – faute de moyens et de soutiens –, en attendant, grâce à la DUP, les expropriations et surtout les fameuses études aspirent quantité de subsides, qui n’iront pas ailleurs ! Les recours déposés par les associations et les collectivités concernées, au nom du bon sens et du véritable intérêt général, sont eux-aussi autant de « maux nécessaires » gourmands en temps et en argent, qui n’iront pas alimenter de vrais projets bénéfiques – POLT notamment…

Réforme territoriale ; fantasme entretenu du tout-TGV : ces deux événements lourds de conséquences sont pour moi révélateurs de la soumission de l’intérêt général de ceux qui possèdent tout à ceux qui aimeraient posséder un peu. Au-delà des grands mots parfois caricaturaux, ils témoignent des grands maux de notre démocratie : le triomphe de l’image et du symbole sur le sens profond, de l’immédiateté, de l’injonction au résultat, fut-il biaisé, de l’illusion de l’objectivité. Des mots et maux qui enseignés, médiatisés, et colportés mécaniquement donnent libre cours aux rancœurs, aux envies, aux luttes de pouvoir permanentes et aux discours convenus de certains responsables aspirant à nous gouverner.

Je crois important de rappeler et insister sur le fait que déplorer ces deux événements ne revient pas à brandir le rêve de l’autogestion, le mythe du citoyen-président, la démagogie de l’élite des « tous pourris », l’appel à la décroissance – quand bien même nombre des réflexions des tenants de cet idéal devraient être considérés avec plus de crédit. Non, ce propos s’inscrit dans un plaidoyer pour une démocratie représentative régénérée, renouvelée dans ses institutions par ceux qui les incarnent par leurs revendications et leur existence-même – les citoyens.

Contrairement à ce que d’aucuns prévoyaient, spécialistes et chroniqueurs béats (bétas ?) sans doute grisés par un idéal de modernité fondé sur le productivisme et la quête du meilleur chiffre, les technologies de l’an 2000 n’ont pas signé la victoire de l’immatériel sur les territoires – c’est le sens indirect et certes « politicien » du propos de Robert Savy sur les élus hors-sol. Remodelés, mis en concurrence et bien souvent malmenés, quoique toujours inventifs, ces territoires doivent relever des défis bien souvent supérieurs à leurs moyens. Que faire ? Écouter et lire les initiatives locales qui bien souvent, très loin de l’angélisme qu’on les accuse de seriner, portent en elles les germes d’un nouveau modèle démocratique, celui du partage, du durable, de la considération mutuelle, de l’ascenseur social.

Des pistes, il y en a. Certaines collectivités – rares il est vrai – ont des moyens conséquents. Soumises à l’avatar de la compétition territoriale qu’est l’individualisme, elles ne consentent que par la loi à une péréquation il est vrai souvent mal comprise car mal expliquée au grand public. Cette incompréhension peut être dépassée si l’on garantit une véritable réciprocité de bénéfices : les territoires mieux dotés pourraient profiter de ces fonds pour lancer des programmes expérimentaux, pourvoyeurs d’emplois et de visibilité, qui une fois stabilisés, pourraient être plus facilement adaptés et reproduits dans et pour les territoires en difficulté. Mobilisant au passage l’énergie des entreprises locales, du tissu associatif et des universités, à grand renfort de nouvelles méthodes de participation. Ces programmes pourraient autant concerner la transition énergétique, les services publics, les nouvelles mobilités, l’accès à la culture…

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La Réserve citoyenne relancée au profit de l’Education nationale. Un exemple de l’utilité concrète de l’expérience et de l’engagement quotidiens au service d’une société qui fonctionne mieux.

Pour y arriver ? De l’écoute, de l’audace, et de la proximité. Dans les organes de décision, à renouveler, une plus juste représentativité des forces créatrices, invisibles, groupes minoritaires ou « minorés » – jeunes, étrangers, chercheurs – mais aussi cette grande majorité silencieuse que l’école, l’entreprise, les associations doivent retrouver. Et certes, il faut un peu d’argent – il y en a ! Le libéralisme n’est pas une science objective, c’est une vision politique – merci Bernard Maris. S’en remettre aux dieux de la régulation automatique, ce n’est pas s’en remettre à la transcendance d’une hypothétique Loi naturelle, mais bien imposer un schéma totalement subjectif, intéressé et terriblement contre-productif. Penser collectif, ce n’est pas se dépouiller pour les autres, mais bien faire preuve d’humanité au sens le plus large, premier et dépassionné du terme. Celui qui cherche à garantir à chacun le même droit d’aspirer à être et agir.

Ce qui est vrai avec les hommes est vrai avec les territoires. Si invoquer l’égalité des territoires et chercher à l’appliquer est évidemment un vœu pieux particulièrement et inutilement consommateur de temps et d’énergies, s’en remettre sans critiques et sans débats à l’implacabilité et la violence de la concurrence des territoires serait dévastateur. Autant en termes d’effets sur les populations, que de conséquences sur le rapport entre élus et citoyens.




> Réforme territoriale : et si on parlait « pratique politique » ?

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Capture d’écran 2014-07-03 à 10.50.58On parle de réforme territoriale. Le problème, c’est que ce projet en l’état n’a pas grand-chose pour convaincre.

Le débat ne se concentre qu’autour de limites dont personne ne veut, et qui semblent avoir été décidées de façon arbitraire. Je ne peux m’empêcher le parallèle osé mais amusant avec le découpage du Tarn-et-Garonne, qui selon la légende, serait fruit d’un décalquage de la main de Napoléon Ier sur une carte de France. Je n’en suis pas à comparer François Hollande à l’Empereur, mais j’ai la triste impression que les autorités actuelles, poussées par la crise de confiance et les désaccords entre les différentes ailes du PS, ont confondu « prise de décision » et « imposition de décision ». A moins que François Hollande, à qui l’on a tant reproché de n’avoir pas su troquer son costume d’élu local pour celui de chef de l’Etat, s’imagine encore président du conseil général de Corrèze et que par conséquent, il se trouve à lui seul autant légitime pour trancher que les milliers d’élus locaux qui sont eux directement et sur le plan pratique concernés par la réforme.

Sur quoi devraient donc s’appuyer ces nouvelles limites ? A mon sens, la dimension culturelle est importante mais pas déterminante. Je suis personnellement militant de l’allocation de moyens supplémentaires pour la valorisation et la reconnaissance des cultures régionales et minoritaires. Mais je pense que cet enjeu n’est pas forcément celui qui doit motiver la réunion des régions. Nous sommes culturellement plus proches de l’Auvergne que de Poitiers, mais quels sont nos liens directs et physiques avec Clermont ? D’autant que la dimension culturelle et identitaire, si elle repose sur des références communes, ne me semble pas assez partagée à ce jour pour en devenir un facteur de choix central, sinon déterminant. Autrement dit, faire de l’Occitanie le déterminant des futures régions est illusoire. De surcroît, remarquons que les projets culturels ne paraissent pas tant souffrir des inerties administratives. Ainsi, les parcs naturels régionaux existent bien de part et d’autre de frontières régionales ; ailleurs, le sentiment catalan perdure bien du côté français de la frontière sans que les collaborations avec Barcelone en soient freinées autrement que par la frontière étatique ; la comparaison toutes proportions gardées pourrait se faire entre la Charente limousine et Limoges. En revanche, dans une région rurale, enclavée, dépréciée et désertée par ces jeunes comme la nôtre, la détermination de potentialités de développement socio-économique (donc d’emploi, de projets porteurs) me semble une priorité, qui elle pourrait façonner les nouveaux découpages et a fortiori favoriser à nouveau le dynamisme culturel. Si l’on voulait bien prendre la mesure de cette réforme, en acceptant d’éclater les régions. Et pourquoi pas, redéfinir les limites départementales héritées de temps de parcours en cheval, rappelons-le.
Cette réforme néglige l’avis du peuple. A mon avis, le référendum est un piège, auquel Hollande ne doit pas céder (on voit mal de toute façon comment il pourrait accéder à cette requête qui se transformerait en plébiscite contre lui). En effet : comment concilier les avis des citoyens selon les régions dont les contextes sont très différents ? Comment faire d’un « oui » ou d’un « non » une réponse constructive et nuancée ? Non, le référendum comme l’a préconisé le Sénat est une impasse. Mais pourquoi ne pas organiser des véritables concertations locales, des cycles d’échanges qui associent non seulement les élus locaux, les citoyens volontaires, assurément, mais aussi les acteurs du monde économique, associatif, et, bon sang, du milieu universitaire ! Ne reproduisons pas la bêtise de 1962.

Les compétences des futures régions ? On n’en parle peu, alors qu’elles seront au cœur du quotidien des citoyens. Et quand bien même on avance le démantèlement des départements dont les compétences seraient reprises par les nouveaux chefs de file que seraient la région et l’intercommunalité, on n’en résout pas davantage la lapalissade qui fait que l’on supprime dans le même temps la clause de compétences générales… La création en doublon des chefs de file ne serait-elle pas un effet d’annonce pour étayer l’aspect faussement novateur de cette réforme bancale ? Et quid de la perte de proximité potentielle ? Comment les transports ou les projets micro-économiques de la Combraille pourraient-ils être bien gérés par Bordeaux, qui a d’ores et déjà annoncé par la voix de ses grands élus qu’elle accepterait le Limousin… sans s’en occuper !
Quid du mode de désignation des élus ? Extrêmement flou et arbitraire. Ce qui est embêtant alors que l’on déplore la perte de confiance des citoyens en leurs représentants. Le seuil des 150 élus régionaux sera préjudiciable aux territoires ruraux peu peuplés. Combien de représentants la Creuse enverra-t-elle à Bordeaux ? Si peu, que cela en résumera parfaitement mais dramatiquement le message que le gouvernement envoie aux territoires ruraux.

Enfin, sujet majeur : en quoi cette réforme garantirait effectivement des économies ? Je souscris en ce point à la totalité de la déclaration de l’ancien président du Conseil régional du Limousin, Robert Savy, qui s’exprimait voilà quelques jours dans les colonnes du Populaire du centre. Celui-ci rappelait le flou étonnamment entretenu autour des modalités et des arguments concrets qui seraient susceptibles de nous convaincre du bien-fondé comptable de cette révolution territoriale. Et qui pour essayer de le prouver ?

Il y a quelques jours, Le Nouvel Observateur a présenté les 8 plus gros gaspillages ou 8 plus grosses aberrations de projets construits ou en cours de construction dans les régions. Des projets dont l’échec serait à mettre sur le compte de la superposition des échelons territoriaux (la proximité des deux grands aéroports de Lyon et Grenoble, l’incapacité des élus savoyards à s’accorder sur le financement du train vers Genève, l’échec du musée du cinéma à Angoulême, les frais incroyables de transports des élus d’Île-de-France). A la lecture de ces échecs, de ces projets fous et finalement complètement bancals, que la réforme territoriale doit empêcher, j’ai remarqué que plus que les limites des régions, c’étaient leurs élus et leurs pratiques qui étaient mis en cause.

Et je me suis donc demandé : plus que de réforme territoriale, qui telle qu’elle est menée ne convaincra jamais, et n’apparaît pas comme garantie absolue d’économies recherchées, plus que de réforme territoriale, donc, n’est-ce pas d’une réforme de la pratique politique, dont il faudrait parler ? Je ne suis évidemment pas en train d’abonder dans le sens du « tous les mêmes », ou « tous pourris », soyez-en certains. Ce ne sont donc pas les hommes et les femmes que je mets en cause, mais bien le cumul des mandats dans le temps, l’habitude de l’exercice du pouvoir, les familiarités qui au fil du temps transforment les relations démocratiques en copinages néfastes pour la transparence des décisions et rendent impossibles la prise de recul et la remise en question nécessaires au respect de l’intérêt général et de la cohérence des projets d’aménagement.

Ainsi, ma réforme à moi – car oui j’en propose une -, elle s’articulerait en trois points :

  • Respect de la souveraineté citoyenne et organisation de véritables débats en région, avec contributions réelles des acteurs de la vie quotidienne (élus, mais aussi monde économique, associatif, culturel, universitaire), qui permettraient de proposer des découpages réellement efficaces, les moins polémiques possibles, et surtout, appuyés sur des réalités concrètes. Le report sans ménagement des élections et la précipitation de cette réforme sont un joli pied de nez à la démocratie locale.
  • Respect du principe de solidarité des territoires, et non fuite en avant vers la concurrence débridée entre les grosses métropoles, une métropolisation qui transformerait nos régions rurales en marges complètement anonymes et délaissées (les exemples catastrophiques de la métropole de Lyon, de la réforme des cantons ou du seuil de 20.000 habitants dans les futures intercommunalités toujours aussi peu incarnées, sont éloquents). Ce principe assurerait un découpage en phase avec les représentations et les pratiques de tout un chacun.
  • Réforme profonde de la pratique politique, par l’interdiction stricte du cumul dans le temps Certes, les lois ne font pas tout, mais elles peuvent contribuer à changer les réflexes d’action et de pensée. Prenons également la peine de tout penser ensemble : pourquoi les cantons ne sont-ils pas fusionnés dans l’intercommunalité ? Et comme le faisait très justement remarquer un de mes camarades du Forum citoyen des jeunes limousins, pourquoi ne pas avoir intégré dans la réflexion les périmètres des Pays, ces territoires de projets créés sous Jospin qui ont le mérite d’associer les communes autour de véritables stratégies de développement durable ? Cette réforme ne supprime pas des échelons : elle les multipliera et les complexifiera.

Si ces principes n’étaient effectivement et finalement pas respectés, voilà quelles en seraient les conséquences pour notre territoire :

  • Un territoire éclaté, alors qu’il a un destin commun, celui d’une région enclavée et encore méprisée dont les atouts sont pourtant nombreux. Et que pour l’instant, rien ne garantisse la réussite d’une réunion de la Creuse à l’Auvergne (dont elle demeurera une marge), ou de la Corrèze à Midi-Pyrénées ou Aquitaine.
  • Une capitale régionale reléguée et oubliée : je rappelle que Limoges, ancienne cité industrielle, vit essentiellement de l’administration, qu’elle perdra au moins en grande partie si le Limousin devient une frange de la future grande région Sud Ouest qu’on nous promet. Certes, il est de la responsabilité des élus, réforme ou pas, que de créer les conditions d’une relance économique des anciens pôles industriels, mais tout ne peut se faire d’un claquement de doigts, et encore moins si le gouvernement joue dans l’autre sens.
  • Des infrastructures toujours plus délaissées, anéantissant toujours davantage la possibilité de construire des projets en milieu rural et périurbain et d’y bénéficier de services de proximité performants ; une situation aggravée par l’adaptation consentie des élus au système ultra-libéral, et par le fétichisme persistant de certains de ces élus pour le fantôme trompeur qu’est la LGV, dont la déclaration d’utilité publique pourrait se transformer en affirmation de mort publique d’ici peu.

Quelles solutions ? Evidemment, que chacun réaffirme son statut de citoyen. Sans conservatismes, mais avec conviction, avec revendication ! Et ça, je vous le dis, ça ne passe pas par l’abstention, ou par le rejet de la politique ; au contraire ! Car la réforme du politique passera par le politique ! Elle se fera de l’intérieur ! Elle se fera si chacun de nous commence à s’engager, et participe de la refondation d’un système à bout de souffle. Ce dont on ne peut pas se satisfaire, et qui oblige beaucoup les jeunes, plus que jamais, et quelle que soit la préférence politique.




> Les mille conditions à la LGV Poitiers-Limoges

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> Les mille conditions à la LGV Poitiers-Limoges dans Actualité locale bamnagement

La semaine dernière, alors que tout le monde s’émouvait des conclusions imminentes de la commission Duron enterrant le projet de LGV Poitiers-Limoges, après plusieurs semaines d’incertitude, je participais à un des mini-débats organisés par la Ville de Limoges dans le cadre de l’exposition Limoges 2025*. La rencontre « Limoges ville-capitale », animée par Jean-Pierre Limousin, était l’occasion de revenir sur le sujet brûlant de la LGV et de requestionner la confiance aveugle dans la réalisation du projet polémique qui est celle des élus socialistes haut-viennois. Si mon sentiment vis-à-vis du projet demeure divers, j’estime en fait que la LGV ne peut fonctionner qu’à de très (trop ?) nombreuses conditions.

La rencontre à laquelle j’étais inscrit, animée par Jean-Pierre Limousin, président du CESER et de la CCI mais aussi de l’association de promotion du TGV Paris-Limoges-Brive, permettait d’aborder le thème de « ville capitale ». Autrement dit, savoir quelle place donner à Limoges dans le contexte national et international de mise en concurrence des territoires, de métropolisation (poids croissant des fonctions de commandement et d’organisation des villes métropoles nationales et régionales) et aussi en filigrane de déterritorialisation progressive des activités dans le cadre de la mondialisation, qui accorde de plus en plus d’importance à la présence numérique.

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Poitiers, Limoges, Brive… ces trois villes veulent-elles réellement travailler ensemble ? (c) Association TGV PLB

Si la très faible participation citoyenne – deux citoyens lambda – à cette rencontre est déjà un problème en soi – Jean-Pierre Limousin confiait lui-même sa déception et ses interrogations concernant les moyens d’assurer une démocratie participative vivante –, on pouvait également se demander ce qui avait pu motiver la programmation de ces rencontres ô combien intéressantes en plein milieu de la journée en semaine… Passons. Le sujet a forcément dérivé sur le sujet de la ligne à grande vitesse. Pour M. Limousin, l’intérêt de la LGV est à trouver dans l’impératif de rééquilibrage du grand Sud-Ouest que Limoges soit d’incarner par rapport à Bordeaux et Toulouse, et plus largement assurer la survie et la relance d’un Limousin bien moins dynamique que ses voisins occidentaux. Impératif qui ne peut s’effectuer que dans l’association métropolitaine de Poitiers et Limoges, qui ensemble incarneraient un pôle urbain concurrent et compétitif d’environ 300 000 habitants. Tout cela s’appuyant sur la bonne intégration de Poitiers aux réseaux d’échanges existants, sur l’intérêt qu’elle aurait à ne pas suivre Orléans et Tours dans l’étouffement parisien, ainsi que sur la notoriété sous-estimée mais réelle des noms de « Limoges » et du « Limousin » à l’étranger, notamment en Asie. Ce nouveau binôme Poitiers-Limoges aurait ainsi la nouvelle capacité de peser dans les décisions d’aménagement et la captation des richesses et des flux de toutes sortes, ceux-ci étant ensuite réinvestis dans la dynamisation du territoire annexe. Présenté ainsi, on en serait presque convaincu, la LGV serait un atout pour la ville et la campagne. Restait tout de même à « régler » plusieurs sujets majeurs : convaincre les acteurs picto-charentais, élus et citoyens, de leur intérêt à s’associer avec le Limousin, prouver la pertinence économique du projet, assurer la réussite du passage du concept théorique à l’application territoriale, avec ses spécificités et ses limites, et enfin en convaincre les populations. Je vais y revenir.

L’extrême-confiance de Jean-Pierre Limousin, Alain Rodet ou Jean-Paul Denanot pourrait même passer pour suspecte, certains y voyant la trahison de quelques doutes dans leur relation de confiance avec l’exécutif suprême, d’autres une attitude bornée et déconnectée des réalités, voire électoraliste, de mauvaise augure dans la perspective d’une revalorisation de l’image de l’acteur politique, tant attendue. C’est encore un autre sujet.

Au-delà de l’aspect économique, la LGV est encore bien loin d’avoir prouvé sa pertinence en terme de projets partagés entre Limousin et Poitou-Charentes, alors que la synergie Limoges-Poitiers est jugée essentielle…

En définitive, pour moi, la LGV Poitiers-Limoges n’est pas un projet uniformément et forcément néfaste. Mais au-delà des polémiques liées à la façon dont les études préliminaires ont été menées depuis 2006, elle n’a de pertinence que si l’on « oublie » l’inoubliable. Autrement dit, des facteurs qui peuvent paraître annexes mais qui mettent en lumière les brèches de la conduite du projet et en sont tout bonnement la condition de succès. Pour l’instant, ces facteurs inoubliables demeurent occultés. Et ainsi, la LGV fonctionnera si l’on continue de les occulter :

  • La LGV fonctionnera si l’on oublie la situation des finances publiques – mais qui le peut ? – du côté de l’Etat mais aussi des collectivités, de plus en plus appelées à mettre la main au porte-monnaie mais en pleine incertitude à l’heure d’un nouvel acte de décentralisation bien confus. Mais on ne peut pas l’occulter.
  • La LGV fonctionnera si l’on oublie aussi le fait que désormais, l’Etat ne peut hélas que difficilement se permettre de financer à lui seul les grands projets. C’est regrettable mais c’est un fait, et si l’on peut évidemment critiquer l’attitude de Ségolène Royal dans ce qu’elle tient de l’obstination, du caractère personnel et d’une mauvaise appréciation d’un territoire potentiellement partenaire mais sous-estimé – le Limousin –, voire d’une certaine condescendance, on se doit de comprendre sa réticence à engager le financement du projet. C’est regrettable mais on ne peut l’occulter.
  • La LGV fonctionnera si l’on parvient à dépasser les divergences de vue des habitants du Limousin et du Poitou-Charentes, et en particulier de leurs élus. Si l’on conditionne la réussite du projet à la synergie entre Poitiers et Limoges, comme l’avance Jean-Pierre Limousin, comment compter sur la concorde pour l’instant très partielle des élus des deux régions, puisqu’à ce jour, autant le Conseil régional de Poitou-Charentes que le Conseil général de la Vienne (sans oublier les réserves croissantes des élus corréziens) se montrent sceptiques vis-à-vis de cette future ligne. Je pense aussi à l’existence de projets collectivement portés, et à l’existence de structures formelles et institutionnelles de partages de projets, d’ambitions pour les deux régions.
  • La LGV fonctionnera si l’on oublie que la SNCF et l’Etat n’ont pas seulement rechigné à engager la modernisation de la ligne POLT avant la LGV pour des raisons d’adhésion pure à la grande vitesse, mais aussi compte-tenu des incertitudes portées par l’ouverture du rail français à la concurrencerendant périlleux le financement massif en faveur d’une adaptation des voies aux 220 km/h si ce n’est plus la SNCF qui demain à le monopole de la gestion des trains. En ces temps où rarement le modèle socio-économique n’aura été remis en cause, on ne peut l’oublier.
  • La LGV fonctionnera si l’on oublie également le fait que la défense de ce projet fait bien écho à l’aura nostalgisante du sigle TGV,  évocateur de promesses de développement des territoires, et que donc la défense de ce projet tient au moins en partie d’un fantasme compréhensible mais un peu vain des populations locales un peu frustrées de n’avoir pu bénéficier du formidable espoir de dynamisme apporté par les LGV Est européenne, Atlantique ou Méditerranée, et d’attendre une concrétisation d’un projet évoqué depuis trente ans. Il y a du fantasme dans cette quête de la grande vitesse, symbole de la puissance française du XXe siècle. D’aucuns y assimileront le Concorde…
  • La LGV fonctionnera si l’on oublie enfin que la LGV n’est pas automatiquement un vecteur de développement intégral et lissé des territoires, étant donné l’effet tunnel indubitablement provoqué par de telles infrastructures, qui profitent avant tout aux terminus (Poitiers et surtout Limoges). En effet, les effets bénéfiques aux territoires environnants, s’ils sont possibles (il faut quand même le dire), ne sont garantis que si l’on associe l’arrivée de la grande vitesse à d’autres chantiers, pour autant de nouvelles conditions à la pertinence du chantier…
La LGV ne peut et ne doit fonctionner que si elle est mise en complémentarité de la modernisation des axes ferroviaires et routiers annexes. Or, financièrement, peut-on se le permettre ?

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En effet, outre l’impératif bien douteux d’occulter tous ces points, il conviendrait au promoteur de la LGV d’assurer la complémentarité des projets d’aménagement et de considérer les obstacles techniques après les éléments moraux et politiques. A l’infaisable moral, à ces oublis manifestes auxquels les défenseurs du projet souscrivent sans hésitation, ajoutons ce qui pour l’instant est malheureusement peu brandi dans les débats et arguments, ces idées qui font donc pour le moment figure d’infaisables techniques et financiers alors qu’elles ne le sont pas, qu’elles conditionnent le succès de la LGV et qu’elles paraissent bien plus utiles au développement territorial :

  • la modernisation des axes routiers majeurs, à la fois condition au développement des territoires, au désenclavement du centre de la France et à la sécurisation de secteurs dangereux : la RN 147 vers Poitiers, la RN 79 vers Mâcon, la RN 21 vers Périgueux ;
  • l’électrification de la ligne Limoges-Guéret, et le réaménagement de la gare de Saint-Sulpice-Laurière de sorte à ce que le demi-tour des trains n’y soit plus obligatoire (suppression du point de rebroussement), ce qui améliorerait l’intégration de la préfecture creusoise au réseau national, mais qui aurait pu faire profiter à la Creuse de l’effet grande vitesse et au-delà d’impulser de nouvelles liaisons « grandes lignes » entre l’est et l’ouest de la France. Ces deux points ont eux-mêmes été évoqués par Jean-Pierre Limousin, qui y voit l’occasion manquée des Creusois de soutenir la LGV.
  • Et évidemment la modernisation de la ligne POLT, au nom de l’équité des territoires prônée par le gouvernement Ayrault.

Beaucoup de conditions, donc. Si la LGV ne se fait pas, ces conditions n’en demeureront pas moins des outils de développement à étudier sérieusement, car elles ne sont pas conditionnées à la grande vitesse, elles. Si elle se fait, comme le soutient mordicus M. Limousin, alors au-delà d’un « fait du Prince » un peu déroutant, elle n’en demandera pas moins de toute urgence la réalisation des projets annexes et complémentaires que j’ai cités. Mais pourra-t-on – financièrement, techniquement, moralement – se le permettre ?

*Cet exercice de prospective sur les perspectives attendant notre ville dans les prochaines années, critiqué pour son tempo, à quelques mois des municipales, et son message, vu comme partisan, est encore accessible aux citoyens jusqu’à la fin de semaine, à la Bfm de Limoges.  




> RCEA : oui, on peut encore investir dans la route !

27062013

> RCEA : oui, on peut encore investir dans la route ! dans Actualité locale bamnagement

rn141-300x168 dans Aménagement du territoireOui, je vais vous parler de la Commission Mobilités 21, désormais connue pour son avis défavorable à la réalisation de la LGV Poitiers-Limoges d’ici à 2020. Mais non, je ne vous parlerai pas (dans cet article) de train mais bien de liaisons routières. Car masquées par les bruyants lobbies concernant ces projets symboliques d’ampleur, qu’ils soient favorables ou défavorables, les préconisations en terme d’infrastructures routières ont toute leur importance dans ces conseils (rappelons que ce rapport n’est qu’indicatif). L’exemple de la RCEA, Route Centre Europe Atlantique, élément majeur de transport transversal dans un pays où les liaisons est-ouest sont peu aisées, favorisé quel que soit le scénario par la Commission, me semble parlant et capital.

Dans ce rapport, au-delà des médiatiques suggestions de repousser les projets de LGV au-delà de 2030, si l’on excepte la voie Bordeaux-Toulouse, la commission en question se devait de hiérarchiser l’ensemble des 70 projets du Schéma national des infrastructures de transport (SNIT), vus comme trop nombreux et très diversement pertinents. Parmi eux, donc, des liaisons ferroviaires (outre Poitiers-Limoges, des projets en Bretagne, en Normandie ou en Alsace), mais aussi fluviales et routières. La RCEA en fait partie : cet axe très emprunté relie la façade atlantique (Nantes au nord et Bordeaux au sud) aux frontières orientales de la France, et passe notamment par Bellac ou Limoges, La Souterraine, Montluçon.

Les écologistes, dont je me réclame plutôt, se sont d’ores et déjà attachés à déplorer le maintien d’efforts attribués aux projets routiers qui selon eux « n’ont rien à faire dans un projet de mobilité durable » qui se devrait d’accentuer les financements sur des liaisons déjà existantes. Personnellement, j’estime toutefois qu’assurer une modernisation de ces axes, et en l’occurrence de la RCEA, répond à une double exigence pleine de cohérence et de bon sens : sécurisation de liaisons très fréquentées et très accidentogènes, assurant de fait une optimisation des parcours, à toutes échalles, car la liaison RCEA a à la fois une utilité dans les parcours internationaux (à l’est vers la Suisse, l’Allemagne, l’Italie, à l’ouest vers l’Espagne) et plus locaux (entre façade atlantique et couloir rhodanien, et de manière encore plus locale, entre départements). La route, si elle continue de fait de favoriser l’automobile, moyen de déplacement évidemment polluant quoique populaire, est encore la plus à même de favoriser les mobilités et donc le désenclavement des territoires. Et rappelons que la RCEA n’est pas un axe ex-nihilo. En outre, je pense que le combat contre l’automobile, s’il se doit d’être modérément mais réellement tenu, doit avant tout être mené en ville. Si ces travaux routiers ne font pas la part belle aux concessions, ce qui est le cas pour le maillon central de la RCEA entre la Creuse et la Saône-et-Loire, mais ce qui hélas se dessine pour l’axe nord-est de la RCEA, entre Bressuire et Limoges, et s’ils sont pris en charge par un Etat volontaire et des collectivités épaulées, je les soutiens totalement.

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Ainsi, point plus localisé et plus personnel étant donné mes racines familiales en Charente limousine, je regarde d’un bon œil l’ouverture d’un nouveau maillon de la RN 141 doublée entre Etagnac et Chabanais, à une quarantaine à l’ouest de Limoges (cf. vidéo ci-contre), qui permettra enfin de désengorger et de sécuriser le chef-lieu de canton si durement marqué par le passage incessant et meurtrier des poids-lourds. Un grand défi s’offre désormais au village, celui de convertir cette tranquillité retrouvée en un outil d’embellissement et de réanimation de son tissu commercial et résidentiel.

Plus largement, cette mise en quatre voies des axes transversaux ne peut que servir l’intégration du territoire du Limousin aux régions environnantes, un enjeu capital à l’heure où la concurrence entre territoires n’a jamais porté autant de perspectives, négatives comme positives. Dans le même temps, les liaisons routières, quand elles demeurent axes nationaux gratuits avec échangeurs régulièrement disposés, assurent une desserte locale, précise des territoires ruraux et urbains, sans privatisation des réseaux forcément dommageable. Un bon compromis, moral et pragmatique.

Photo et vidéo : la RN 141 à Etagnac, (c) France 3 Poitou-Charentes. Dans la vidéo parlent successivement Michel Gealageas, maire de Chabanais, Michel Boutant, sénateur et président du CG de Charente, et le maire d’Exideuil, encore traversé par un RN 141 à deux voies.




> Municipales : brèves de campagne #3

23052013

> Municipales : brèves de campagne #3 dans Actualité locale b-limoges2014-300x25

A dix mois des élections municipales, le sujet fait encore un peu plus parler de lui dans le microcosme limougeaud. Et les sujets abordés dans le corps de la dernière lettre d’info municipales comme dans les tribunes politiques sont révélateurs de ce changement progressif d’atmosphère, qui annonce un été riche en constitution de listes et de programmes.

dsc_9510-300x200 dans Aménagement du territoireLimoges 2025, expo citoyenne et/ou message politique ?

« Limoges 2025, imaginons notre avenir ». Non, ce n’est pas le slogan d’une liste pour la prochaine échéance électorale, mais c’est bien le titre de l’exposition organisée par la municipalité à la BFM, ouverte le 28 mai prochain ! A travers une déambulation en 6 étapes, on sera mis en face des méthodes de l’action publique, des tendances, des atouts, des acquis, des perspectives de notre ville. Le tout surmonté de quelques animations un peu plus spectaculaires et interactives (film de la ville par un drone, animation théâtrale de l’Académie régionale de l’Union, etc.) Autant de sujets à même de captiver tous les citoyens, quels que soient leur âge et leur « rôle » dans la Cité, et donc de sensibiliser à la chose publique, ce qui est primordiale à l’approche d’une campagne de proximité.

En soi, l’approche pédagogique du sujet est fort intéressante. Et évoquer ces questions semble pertinent, à l’heure où la ville de Limoges est, comme toutes les métropoles régionales françaises, confrontée à la mise en concurrence des territoires par les phénomènes de métropolisation et de mondialisation, avec ce que cela suppose en terme d’enjeux de transports, de dynamisme économique et touristique, de développement durable… Mais la tenue d’un tel événement à quelques mois du scrutin, et surtout pendant la phase d’enquête publique du projet de LGV Poitiers-Limoges, dont la réussite serait pour les promoteurs de la grande vitesse le point de non-retour vers la réalisation de ladite ligne, peut interpeller. La LGV est d’ailleurs largement – et logiquement – évoquée dans un encart du magazine municipal accolé à la présentation de l’exposition ! Sans parler d’entretien de confusion, les détracteurs du projet apprécieront ! Si avant même l’ouverture de l’exposition, il serait faire preuve d’un peu trop d’aventure que d’assimiler l’initiative à un message politique de la majorité sortante, il va sans dire que le fond comme la présentation des projets et des enjeux présentés feront parler ! De là à parler d’expo polémique… Attendons donc de découvrir le contenu de « Limoges 2025 ».

Jetons un œil aux tribunes des groupes politiques du Conseil municipal, et l’on y décèle quelques informations intéressantes, plus ou moins entre les lignes.

A gauche, les élus du groupe communiste, tiraillés entre l’autonomisation nationale (l’attitude hostile de Mélenchon vis-à-vis du gouvernement) et locale (les groupes indépendants Limousin Terre de gauche à la région et au CG de Haute-Vienne) du Front de gauche vis-à-vis des socialistes, et leur loyauté à Alain Rodet depuis l’élection de 2008 et même avant, ont ménagé leur deux « camps »… en dissociant contexte national et contexte local ! Une façon pour eux de garder la possibilité de repartir avec le PS à la prochaine municipale, et par conséquent de conserver des postes à responsabilité et une visibilité, tout en critiquant ouvertement les déboires et les fausses routes de l’équipe Hollande-Ayrault, dont il devient compliqué de cautionner les atermoiements. Les conseillers municipaux en appellent donc à une réorientation de la politique gouvernementale, seule condition pour redonner confiance et espoir à la population administrée localement… qui dès lors pourrait voter sans état d’âme pour une équipe de gauche rassemblée !

Une page plus loin, c’est par un encart que les élus UMP semblent une fois encore déplorer la scission du groupe d’opposition depuis le rapprochement des centristes Philippe Pauliat-Defaye et Marie-Pierre Berry et de la MoDem Nadine Rivet… alors que la forme des propos des deux groupes semble si proche ! Même critique de l’action et de la méthode de la majorité, et surtout même métaphore romaine, les uns et les autres voyant dans les projets de l’équipe Rodet des prémonitions de la chute d’un empire qui n’aurait su donner que des jeux sans prendre la peine d’apporter le pain de l’essor économique et médiatique. Si le centre a déjà fait part de quelques pistes d’action pour 2014, pour l’UMP, on repassera…

objectiflimoges-300x168 dans DécouverteObjectif Limoges, pour remettre le débat au centre ?

On n’en parle pas (encore) dans Vivre à Limoges, mais un nouveau collectif politique de dialogue vient d’être lancé à Limoges. Dans la foulée de la constitution du nouveau groupe centriste au Conseil municipal, un espace d’échanges et de débat, « Objectif Limoges », a été mis en place à l’instigation de Vincent Léonie, candidat radical aux cantonales en 2011 à Puy-las-Rodas et figure haut-viennoise de l’UDI, le parti de Jean-Louis Borloo. Officiellement, il s’agira d’un « espace démocratique d’écoute et d’échange, qui veut être le creuset de réflexions pour la création d’un projet, afin de réconcilier Limoges et son avenir. » Une belle ambition, mais on attend d’en voir davantage ! 

Photos :  (c) L. D., (c) compte twitter d’Objectif Limoges




> Urbanisme : et si la solution, c’était BIMBY ?

28012013

> Urbanisme : et si la solution, c'était BIMBY ? dans Actualité locale bamnagement

Vous connaissiez peut-être déjà le syndrome NIMBY, onirique acronyme attribué non sans dédain aux impactés des grands projets d’aménagement type LGV, qui combattraient corps et âme les expropriations et les nuisances sonores au nom de leur bien-être personnel. « Not In My Back Yard », pas dans mon arrière-cour. En somme, allez faire vos travaux là où ça n’embête personne. Autrement dit, votre projet est inutile. Mais BIMBY, c’est tout autre chose. Voire le contraire. Car c’est une nouvelle façon de concevoir collectivement la construction de logements et de répondre dans un souci de durabilité à cette demande.

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La galerie du CAUE de la Haute-Vienne présentait jusqu’à samedi dernier une exposition itinérante consacrée à BIMBY. « Build In My Back Yard », son interprétation anglophone, signifie « Construire dans mon arrière-cour ». Comme son nom explicité l’indique, c’est un nouveau concept d’urbanisme initié en 2009 par une dizaine de partenaires (collectivités, bureaux d’études et écoles d’architecture) en réponse à un appel à projets de l’Agence nationale de la recherche en faveur des « villes durables ». En d’autres termes, il s’agit de chercher à résoudre les problèmes écologiques, économiques et sociaux posés par la construction de résidences, et donc ce qui en découle, en terme de pression foncière, d’étalement urbain et d’isolement des résidents vis-à-vis des services et des transports publics. Au lieu de créer ex-nihilo de nouveaux lotissements uniformisés, consacrant l’enfermement des riverains et couronnant l’automobile, plus que jamais de façon anachronique, à l’heure de l’épuisement des hydrocarbures, on préfèrerait l’optimisation des terrains disponibles mais pas soupçonnés en zone urbaine. En cela, BIMBY est une démarche de développement durable.

En cherchant à déterminer des remèdes à la crise du logement, au grignotage des espaces dits naturels par la périurbanisation, les préconisations présentées au fil de l’exposition supposent de remplir deux contrats tacites. D’une part, en délaissant une partie de son terrain ainsi dévolu à une nouvelle construction, on peut procéder à des économies financières, voire des bénéfices, que l’on pourra transmettre en patrimoine, ou réinvestir dans une activité économique ou dans une opération de transition énergétique de ses installations domestiques, par exemple. D’autre part, de façon moins auto-centrée, on participe pleinement à l’objectif de durabilité en limitant l’impact environnemental du bâti et en favorisant un potentiel de cohésion sociale du quartier par l’accueil du ménage ainsi convié sur le nouveau terrain, et à travers la consultation conjointe des riverains, sollicitée pour le projet par les spécialistes de l’urbanisme appelés en médiateurs pédagogues.

bimby1-300x255 dans Découverten’est pas une initiative isolée et inédite. Derrière le terme de « densification urbaine », des dizaines de projets similaires ne portant pas ce vocable ont été menés et continuent d’être portés çà et là. Mais ce concept particulier séduit en ce qu’il demande de lui-même à être approprié par tous, partout où c’est possible, sans que cela ne devienne un label aux modalités et à la paternité contraignantes. En effet, le point fort de BIMBY, c’est sans doute celui de pouvoir être initié par les populations elles-mêmes, pour leur bénéfice propre, et donc d’inciter un nouvel urbanisme véritablement humain et pertinent à l’échelle locale. Et de relancer une nouvelle forme d’éco-citoyenneté. A la différence d’autres programmes urbains, même labellisés Haute qualité environnementale (ce n’est pas une garantie de « haute qualité de concertation »… ) Et pour la conduite concrète des aménagements, pas besoin de réforme constitutionnelle, de simples agencements des documents d’urbanisme (PLU, SCOT, PADD) sont requis. Évidemment, les projets se doivent de demeurer écologiquement cohérents et de ne pas nuire à la qualité de vie en sacrifiant des espaces de vie suffisamment spacieux au nom du gain économique à tout prix.

Ce qui est présupposé, c’est que l’émergence de ce type d’initiatives à une échelle quantitative satisfaisante ne saurait se passer d’une prise de conscience générale et collective des problématiques de la durabilité, et d’une assez bonne identification par la population des modalités de la transition écologique. Un éveil que les responsables politiques et associatifs se doivent de susciter, par l’encouragement à la participation démocratique des citoyens à la vie publique. Loin de toute euphorie écologisante et déconnectée de la réalité, ou de toute attitude démagogique, l’engagement des municipalités en faveur de cet enjeu de cohérence devrait être une règle morale de l’action politique.

Le site de Bimby : [ici]
Le site du CAUE 87 : [ici]

Images : (c) Projet Bimby







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