Parution du Dictionnaire des rues de Limoges

5062019

Parution du Dictionnaire des rues de Limoges dans Actualité locale

Cher-e-s tous et toutes, ami-e-s et connaissances de longue date ou d’hier, de Limoges ou d’ailleurs…
C’est avec fierté, mais aussi un brin d’appréhension, que je vous informe de la parution de mon tout premier ouvrage consacré à mon très cher Limoges, un Dictionnaire des rues publié aux Editions Mon Limousin (préfacé par Laurent Bourdelas).

Après plusieurs mois de travail, de nombreuses séances aux Archives municipales et à la Bfm, un certain nombre de lectures (!)… nous y sommes !
Même si cet ouvrage n’a pas prétention à l’exhaustivité, et si de nombreuses hypothèses sur l’histoire des noms sont encore à éclaircir, je me suis efforcé de condenser un très grand nombre d’informations et de documents, pour certains inédits, pour vous inviter à (re)découvrir Limoges par une entrée originale.
A cette réflexion nourrie par de nombreuses références, j’ai tâché d’apporter le regard neuf de la géographie. Il s’agissait aussi de souligner combien la toponymie urbaine est un matériau patrimonial qui reflète l’histoire politique et architecturale de la ville.

La présentation de l’ouvrage aura lieu vendredi 14 juin à 18h30, au Phare, boulevard Gambetta à Limoges.
Cet événement est ouvert au public, et vous y êtes tous conviés. Il constituera l’occasion pour moi, notamment, d’expliciter ma démarche, de distiller quelques anecdotes qui émaillent les pages, et de remercier tous ceux dont les recherches et les conseils se sont avérés précieux dans cette aventure.
En toute humilité, je me réjouis de recueillir vos premières remarques et vos connaissances, qui peut-être pourront alimenter cette histoire des rues toujours en cours !

Je vous retrouverai également le lendemain samedi 15 juin, en dédicace, chez Anecdotes, de 15h à 18h30. Et suis impatient de vous y rencontrer.




> Le PNR Périgord-Limousin : une « fabrique à cohésion » pour la Nouvelle-Aquitaine ?

31052018

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La réforme territoriale a beau être actée, la carte des régions validée, et les nouvelles politiques bien lancées, il va sans doute falloir du temps pour s’habituer à ce nouveau territoire, faire en sorte que les stratégies régionales s’harmonisent au mieux et bénéficient à tous de façon équitable et que la cohésion se fasse (le CESER planche sur le sujet). Pour l’instant, en dépit de statistiques que l’on dit plus ou moins mauvaises (voir à ce titre deux analyses dans La Montagne du 13 décembre 2017 et Le Populaire du 8 janvier), un certain nombre d’inquiétudes demeurent, et la crainte de voir le Limousin réduit au rang d’ « arrière-pays [plus ou moins] dynamique » n’est pas écartée. En témoignent la mobilisation citoyenne des derniers mois autour du départ éventuel de la cour d’appel de Limoges, puis le désarroi des élus locaux concernant l’absence de soutien de l’État pour une modernisation de la RN 147 entre Limoges et Poitiers, ou la suppression du rectorat tout récemment.

Aux gestes d’apaisement (comme l’attribution de deux vice-présidences stratégiques aux élus de Haute-Vienne dans l’exécutif régional), destinés à ménager les états-majors et les responsables économiques, ont succédé quelques engagements forts se voulant rassurants, sur la question des transports ferroviaires notamment. Mais d’autres réalités, qu’elles soient assez directement imputables à la réforme (la suppression de l’AVEC en Limousin l’an dernier ou les menaces sur certaines formations universitaires), ou qu’elles soient surtout révélatrices d’un développement territorial à deux vitesses entre les grandes métropoles et les zones rurales, imposent à chacun d’entre-nous d’être vigilants et déterminés. Car c’est aussi à la société civile de réagir ! Transports, développement économique harmonisé, politiques culturelles… les thématiques qui attendent notre mobilisation et nos initiatives ne manquent pas.

À ce sujet, un projet porteur me semble intéressant à valoriser dans l’optique d’une cohésion réelle des trois territoires ainsi fusionnés. Il suffit de scruter une carte pour réaliser que Limousin et Aquitaine ont déjà en commun le Parc naturel régional Périgord-Limousin. Créée il y a vingt ans maintenant, cette entité, comme ses 50 homologues en France, labellise un territoire essentiellement rural de 1 858 km2, composé de 78 communes (49 en Dordogne, 29 en Haute-Vienne) où sont menées des politiques de soutien aux traditions artisanales et culturelles, de protection des espaces naturels, de valorisation des projets collectifs durables… qui font justement la part belle aux initiatives citoyennes (associatives et professionnelles). S’appuyant sur un territoire à forte cohésion géographique, culturelle et sociale – que sont les marges rurales des aires urbaines de Périgueux et Limoges, le terroir du châtaignier, la terre des feuillardiers, une zone où l’occitan limousin marque encore les pratiques sociales –, le PNR sert déjà de laboratoire de coopération entre élus limousins et aquitains. La région Nouvelle-Aquitaine a récemment réaffirmé son soutien au Parc : 7 millions d’euros pour les trois prochaines années (voir Le Populaire du 16 janvier), au service de la langue régionale, des paysages ou des énergies renouvelables.

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Dès lors, compte-tenu de cet engagement renouvelé, et du dynamisme du portage local, pourquoi ne pas étendre le périmètre du Parc au département voisin de la Charente, dont la partie orientale est sur la plupart des plans (paysager, économique, culturel) très semblable aux espaces déjà labellisés en Dordogne et en Haute-Vienne ? Même paysage de collines granitiques des marges du Massif central, même omniprésence de l’eau avec les lacs de Haute-Charente, mêmes traditions linguistiques ou architecturales, même population plutôt âgée (voir ci-dessous)… Et surtout, un même isolement relatif qui rend d’autant plus utile la mise en place d’un projet partagé.

pnr perigord limousin

plus de 65 ans 2014 PNR PL

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Articulée sur 15 orientations et une cinquantaine de mesures concrètes, la Charte actuelle du PNR (il s’agit du document où sont consignés les engagements et les chantiers du Parc, ses marqueurs identitaires en somme), paraît tout à fait compatible avec les spécificités charentaises. Mieux, les engagements esquissés dans la Charte semblent pour leur grande majorité déjà poursuivre des objectifs qui pourraient assez naturellement s’appliquer aux réalités territoriales de la Charente limousine. On peut penser au soutien actif à la variété limousine de la langue occitane qui historiquement est pratiquée dans tout le PNR… et à l’ouest jusqu’aux portes d’Angoulême. Citons aussi une certaine continuité hydrologique autour du « château d’eau » que constitue ce pays forestier, dernière terre des loups de souche française. Rappelons d’ailleurs que le Bandiat et la Tardoire, parmi les rares cours d’eau à irriguer les trois départements (avec la Dronne), avaient donné leur nom au projet de Parc, dans les années 1990, avant que « Périgord-Limousin » ne s’impose.

Enfin, l’armature de sites touristiques et patrimoniaux variés et de qualité qui habille le secteur (thermes gallo-romains de Cassinomagus, réserve naturelle nationale de l’impact météoritique de Rochechouart-Chassenon, lacs de Haute-Charente, vestiges de Marthon et Montbron…) gagnerait à intégrer un programme de valorisation porteur de synergies tel que l’est le projet PNR. Le lac de Lavaud et la réserve géologique de Rochechouart-Chassenon possèdent déjà une emprise partagée entre Haute-Vienne, labellisée, et Charente, en attente. L’extension du label PNR me paraît donc être une évidence, qui ferait bénéficier ces communes rurales d’un élan collectif et d’une image de marque. Les bourgs de Charente limousine – Chabanais, Roumazières-Loubert, Chasseneuil –, un à un soigneusement épargnés par la RN 141 dédoublée, y gagnant en air pur ce qu’ils perdent en fréquentation commerciale, pourraient peut-être aussi trouver un regain d’intérêt touristique dans cette nouvelle aventure.

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Le lac de Lavaud

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Le bocage charentais

En 2007 déjà, le Conseil régional de Poitou-Charentes avait signalé son soutien à l’inclusion de dix-huit communes charentaises au périmètre du Parc (voir ci-dessous), bénéficiant d’un avis favorable des instances dirigeantes du PNR, du Conseil général, et des régions Aquitaine et Limousin, avant que l’éventualité ne soit curieusement abandonnée, pour des raisons que je ne connais pas.

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carte complete PNR

Le prochain renouvellement de la charte du PNR est prévu en 2022, ce qui laisse quelques années aux responsables régionaux, et surtout aux forces vives du territoire (habitants, artisans et agriculteurs, élus locaux, acteurs du tourisme et de la culture…) pour mettre en œuvre un mouvement volontariste intégrant la Charente limousine au renouvellement de la charte. Le vote de la loi Biodiversité en 2016 pourrait même donner à la charte actuelle trois années supplémentaires de validité.

Il sera bon de rappeler qu’il est faux de penser qu’un PNR ne consiste qu’en une entité à visée uniquement touristique et ludique. Il s’agit bien d’un territoire de projets dans lequel élus, professionnels et habitants sont amenés à faire émerger des projets de développement appuyés sur les spécificités de leur territoire, où la création et le maintien d’emplois non-délocalisables occupent une place centrale. Il ne s’agit pas non plus d’un élément supplémentaire du fameux mille-feuilles institutionnel, avide de subsides et avare de retombées concrètes (n’en déplaise à Laurent Wauquiez qui a quant à lui sacrifié les projets de Parcs en Auvergne-Rhône-Alpes) ; les PNR sont depuis longtemps des espaces qui permettent justement aux enveloppes administratives de se décloisonner et aux décideurs de regarder vers l’extérieur et de s’inspirer des bonnes pratiques de leurs voisins. A ce titre, les Parcs situés dans les marges de leurs régions endossent une responsabilité toute spécifique. Le Parc du Marais Poitevin (entre Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine) ou le futur PNR de l’Aubrac (aux confins de l’Occitanie et d’Auvergne-Rhône-Alpes) sont de bons exemples prometteurs, qui entendent resserrer les liens et faire de ces périphéries des « cœurs ».

Entériner à l’échelle locale un projet commun de développement appuyé sur une cohérence géographique et culturelle, pour asseoir une entité régionale en quête de sens ; l’extension du PNR Périgord-Limousin à la Charente limousine semble donc toute trouvée. Valoriser le PNR comme cœur de la fusion, ce serait aussi rendre justice à des territoires ruraux qui sont en droit d’attendre beaucoup de cette nouvelle entité régionale surdimensionnée, et dont le XXIe siècle aurait tort de se passer.

Note : en écho à cette réflexion, j’ai choisi d’adresser dans les tous prochains jours un courrier faisant état de ma suggestion à plusieurs élus en charge de cette question :
- Nicolas Thierry, vice-président de la Région Nouvelle-Aquitaine en charge de l’environnement et de la biodiversité ;
- Bernard Vauriac, maire de Saint-Jory-de-Chalais et président du PNR ;
- François Bonneau, président du Conseil départemental de la Charente ;
- Philippe Bouty, président de la Communauté de communes de Charente limousine.

Je ne manquerai pas de vous faire connaître les retours éventuels.

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Crédits photo : L.D. pour les photographies et la carte des communes ; Géoportail pour les extraits IGN ; Région Nouvelle-Aquitaine pour la carte touristique ; Collectif Arri pour la carte linguistique ; INSEE-Geoclip pour la carte démographique.

 




> Initiez-vous à Wikipédia à Guéret

7032018

28577566_10204087043452722_7744783370232531057_nComme l’année dernière à Saint-Léonard-de-Noblat, une journée d’initiation à Wikipédia est organisée ce samedi après-midi à Guéret. Pilotée par Nicolas Bourges, contributeur installé en Creuse, cette journée à laquelle j’aurai le plaisir de participer vous invitera à comprendre comment participer à la rédaction des articles. S’ensuivront une balade en ville et une visite du musée de la Sénatorerie, qui permettront aux participants de prendre eux-mêmes les photographies des bâtiments et des œuvres qui illustreront les pages correspondantes de l’encyclopédie en ligne.

Cette journée s’inscrit dans le Mois de la contribution francophone, qui en France et dans toute la Francophonie se décline en une multitude d’ateliers ouverts à tous.

Rendez-vous est donc donné à partir de 13h30, ce samedi 10 mars, à la Quincaillerie Numérique de Guéret. N’oubliez pas de réserver rapidement ! (toutes les infos : ici).

Une bonne occasion de battre en brèche le vieux poncif de l’encyclopédie peu fiable (ce qu’elle n’est pas forcément !), en venant y contribuer soi-même ! Un moyen aussi de participer à l’animation du territoire et à un projet de partage gratuit de la connaissance et de l’usage. Enfin, quand l’on connaît la fréquentation et le très bon référencement des articles de Wikipédia, cet événement constitue peut-être l’occasion parallèle de comprendre en quoi des articles bien tournés, avec des illustrations de qualité et des références solides et variées, peuvent contribuer à valoriser les lieux auxquels ils font référence.




> Une nouvelle série thématique à suivre…

29012018

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Me voici de retour pour lancer une petite série thématique, que j’envisageais initialement estivale. Comme je vous avoue trouver de moins en moins de temps à consacrer à ce blog, ce nouveau feuilleton ne sera pas borné dans le temps, et constituera un work in progress à l’issue indéfinie… Cela devrait me permettre de matérialiser mon attachement perpétuel à l’égard du Limousin, et de concilier sans trop de contraintes les différents (et futurs) engagements qui aujourd’hui et demain, occupent et occuperont mes journées…

Par cette invitation à la déambulation, par ce carnet de voyage de proximité, je vais chercher à vous proposer, chers lecteurs, amoureux de Limoges et de cette « terre du milieu » confirmés ou en devenir, mais aussi à vous qui considérez que cette ville n’a que peu de choses à montrer, de regarder différemment le paysage et l’histoire de l’ex-capitale limousine. L’idée est aussi d’en saisir, par cette découverte d’un patrimoine méconnu, les forces cachées et potentiels de développement, à même de garantir une qualité de vie, une curiosité partagée, un dynamisme économique et culturel appréciables. Peut-être décèlerez-vous donc de surcroît dans mon propos – mais ce n’est pas nouveau – une forme d’interpellation des décideurs locaux, une invitation à ce qu’ils prennent en considération ces richesses, ces spécificités*. À l’heure où se joue le sort de lieux cruciaux comme la place de la République ou les bords de Vienne, qui s’apprêtent à changer, renouveler leur visage, et alors que la ville doit trouver sa place dans une région sans doute un peu trop grande pour elle, toutes les occasions me paraissent bonnes pour rappeler combien Limoges et ses alentours détiennent un patrimoine riche et à exploiter, et que chacun doit pouvoir en profiter…

Premier épisode à suivre très prochainement, consacré aux maisons de personnalités historiques, à leur valeur patrimoniale et à leur potentiel touristique.

*A ce titre, cette série prolonge les réflexions et les valeurs que j’ai souhaité défendre avec mes camarades de l’association 55 citoyens pour Limoges dans un dossier thématique consacré au patrimoine urbain de la ville de Limoges, présenté en 2014 à la municipalité, resté lettre morte. Les propositions que je ferai sur mon blog s’inspireront de l’esprit de ce dossier, mais bien entendu je n’engage nullement sans leur assentiment les autres adhérents de l’association, association dont les positions sont régulièrement présentées sur le blog http://55pourlimoges.unblog.fr.




> Musique traditionnelle : 30 ans de partages et de créations

7122017

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Demain, dès 20h, le département de musiques et danses traditionnelles du Conservatoire à rayonnement régional de Limoges vous invite à fêter ses 30 ans à travers une soirée qui devrait mêler souvenirs et beaux moments d’échanges musicaux.

Pionnier à l’échelle nationale, le Conservatoire de Limoges peut encore aujourd’hui se targuer de disposer d’un des départements les plus fournis et les plus dynamiques de France en la matière. La vielle à roue, la cornemuse du Centre, le chant en occitan, le violon, l’accordéon diatonique, la chabrette – petite cornemuse typique du sud-ouest du Limousin – ou même la gaïda, son homologue bulgare, y sont enseignés à toutes les générations.

En 1987, profitant de l’ouverture consentie par le Ministère de la Culture à l’égard des cultures régionales et minoritaires, et de la bienveillance des décideurs à leur sujet, ce Département s’était constitué en s’appuyant sur le regain d’intérêt de quelques musiciens et militants, portés par ce qu’on appelait alors « le renouveau folk ». Depuis une quinzaine d’années pour les premiers d’entre-eux, ces chercheurs et passionnés sillonnaient alors les campagnes françaises – limousines notamment – pour écouter, enregistrer et jouer avec ces derniers détenteurs de traditions ancrées et représentatives d’une société paysanne en voie de disparition.

Réactivées, réinventées, hybridées, transmises, ces traditions se sont colorées de nouvelles influences, de nouveaux styles, et contribuent encore aujourd’hui, en dépit de leur discrétion et de certains clichés éculés dont elles peinent parfois à se défaire, à présenter le Limousin comme un territoire de création et de pratiques culturelles vivaces, collectives et festives. Car ces musiques sont clairement des musiques de fête, indissociables de répertoires de danses dynamiques.

Méconnues, bien moins identifiées que les traditions celtiques (bretonnes ou irlandaises notamment), ces traditions ont en fait tout autant une vocation inclusive. Stages, bals, animations organisés tout au long de l’année par le Conservatoire ou les groupes et associations qui évoluent dans le même champ, dans tout le Limousin, en sont la preuve. Ces événements vous attendent. Cette soirée de célébration peut vous permettre d’en percevoir l’originalité et la générosité !

Ancrées dans le présent par la fête, les musiques et danses le sont aussi par la formation : le département du Conservatoire de Limoges, piloté par Françoise Étay, organise un diplôme d’études musicales spécialisé en musique traditionnelle, dont sont issus depuis près de vingt ans des dizaines de musiciens, qui en amateur ou en professionnels, contribuent aujourd’hui à faire rayonner la culture locale partout en France.

Pour en apprendre davantage sur la diversité et la richesse insoupçonnée des musiques et danses du Limousin, je vous invite à consulter le Focus thématique produit par GéoCulture – auquel j’ai contribué cet été -, qui dessine un portrait de ces traditions à travers une histoire de la collecte du matériau musical et chorégraphique. L’article de Wikipédia consacré à la « musique limousine » me semble complémentaire. Enfin, pour profiter d’une représentation tangible et incarnée, rien de mieux que la soirée de demain !

Le programme :

• RDV au Centre culturel municipal Jean-Gagnant à Limoges. Ouverture de la salle à 19h30.
• 20h00. Mini conférence illustrée (photos, films…) « 30 ans de musique traditionnelle au CRR de Limoges ». Pourquoi, comment, contextes, enjeux…
• 20h45. Concert
• ± 22h00. Pot offert en salle d’exposition
• Bal dans le hall
Entrée gratuite 

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> LGV : tout reste à faire après le rapport Delebarre

31072017

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S’il consacre enfin l’abandon du tout-LGV, et s’il est porteur d’idées intéressantes (électrification de Poitiers-Limoges, reprise du TGV Brive-Lille…), le rapport de Michel Delebarre sur l’accessibilité du Limousin demeure quasiment silencieux sur les liaisons transversales. En outre, par son refus de défendre une option forte pour améliorer la liaison entre Paris et Limoges, il entretient l’idée que le POLT, concurrencé par la toute nouvelle LGV Tours-Bordeaux, pourrait se satisfaire d’une amélioration a minima. Il faudra une prise de position forte de la part des élus pour éviter un atermoiement préjudiciable.

réduction temps parcours ferroviaire 1978 2013

Gains de transport entre Paris et la province entre 1978 et 2013. Limoges, grande oubliée des innovations nationales… (c) UMR ESO, pour RFF.

Michel Delebarre, sénateur PS du Nord, a enfin remis le rapport (« Accessibilité du Limousin et des territoires limitrophes », consultable en ligne) que Manuel Valls, alors Premier ministre, lui avait commandé en décembre 2016 pour réfléchir aux solutions pour désenclaver le Limousin. Cette commande, partant du constat du déclin des dessertes en Limousin, ces trois dernières décennies, et consécutive à l’annulation par le Conseil d’Etat de la Déclaration d’utilité publique le 15 avril 2016, laissait déjà présager l’abandon définitif du projet de LGV Poitiers-Limoges. Aujourd’hui, les conclusions du rapport vont ouvertement dans le sens de cet abandon, comme le laissait déjà entendre Emmanuel Macron. On peut légitimement s’en satisfaire, tant ce projet, dans sa forme autant que dans son essence, a pollué la capacité des acteurs locaux à ébaucher de façon critique et constructive un projet alternatif et porteur pour le Limousin.

Mais maintenant que se dessine a priori la fin du feuilleton LGV, par quoi compenser le retrait d’un projet qui a monopolisé les discours et hélas les finances publiques depuis dix ans ? Comment assurer la desserte d’un territoire en marge, fragilisé par la création d’une nouvelle région immense et hélas peu solidaire ? Zoom sur les propositions alternatives avancées par ce document.

L’abandon des projets LGV, enfin acté

Le rapport de M. Delebarre comporte plusieurs bonne nouvelles qu’il s’agira de concrétiser. La première d’entre-elles réside donc en la préconisation explicite d’un abandon définitif du projet de ligne nouvelle à grande vitesse entre Poitiers et Limoges (p. 33). Critiqué ces dernières années par plusieurs instances politiques et économiques, des experts et de nombreux citoyens (Commission Mobilité 21, FNAUT, Cour des Comptes, élus de l’Indre, de la Vienne ou de la Creuse…), ce projet est battu en brèche tant pour son incohérence budgétaire que pour les nombreux territoires qu’il laisserait à l’abandon. M. Delebarre (p. 35) met aussi en évidence à raison que l’hypothèse d’un rattachement de la ligne classique à une future LGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon (dite POCL) est plus qu’hypothétique, pour les mêmes raisons financières. Enfin, il signale aussi que les relations finalement mises en place avec l’ouverture de la LGV Tours-Bordeaux en juillet 2017 entre Paris et Poitiers, ne laisseraient finalement que peu de place à des raccordements performants pour les hypothétiques rames TGV qui bifurqueraient à Poitiers vers Limoges (seulement 4 trains par jour apporteraient des améliorations notoires de temps de parcours dans les conditions actuelles !). Raison de plus pour « laisser tomber » l’option LGV, donc.

Paris-Limoges en 2h40 : entre Poitiers et Orléans, ne faut-il pas choisir ?

A ces hypothèses « LGV », M. Delebarre préfère donc une amélioration des liaisons existantes, sur POLT comme sur Poitiers-Limoges.

[…] pour les choix à opérer rapidement pour l’avenir, je recommande d’envisager des aménagements et des améliorations de desserte à la fois sur la ligne existante Limoges-Poitiers et sur la ligne historique POLT.

En somme, pour la première fois dans un propos se voulant « post-LGV », ce n’est plus POLT qui concentre les attentions, puisque la liaison classique existante Poitiers-Limoges est présentée en alternative. Cette proposition inédite de faire de la liaison TER une nouvelle opportunité de desserte entre Paris et Limoges me semble hélas porteuse d’incertitudes.

Concrètement, l’idée ici développée par le sénateur Delebarre est de parvenir à des gains de temps de parcours conséquents entre Paris et Limoges non plus exclusivement via la ligne historique POLT, mais via la ligne classique entre Poitiers et Limoges, moyennant des travaux sur cette dernière. Il s’agit en fait de faire profiter Limoges de l’ouverture de la LGV Tours-Poitiers-Bordeaux, qui a mis la préfecture poitevine à moins de 2h de Paris. On se dit que ce serait un juste retour des choses, tant les collectivités limousines ont dépensé pour cette LGV (leur participation au financement de la LGV Sud-Europe-Atlantique s’expliquait par le fait que c’est sur cette ligne que devait se connecter la LGV Poitiers-Limoges). Une fois les travaux réalisés sur la ligne classique, les gains escomptés en termes de temps de parcours seraient donc suffisamment importants pour inciter une partie des voyageurs empruntant POLT pour rallier Paris à préférer le passage par Poitiers… mais il s’agirait en parallèle de veiller à ce qu’ils demeurent modérés pour ne pas complètement assécher POLT, et donc parvenir à ce que les deux options soient gagnantes.

En somme : d’un côté, des rames TGV circuleraient à vitesse normale sur une voie modernisée jusqu’à Poitiers, puis continueraient à grande vitesse pour Paris, pour un trajet de 2h30. Sur cette même ligne pourraient aussi circuler des TER en complément, de manière à renforcer les liens entre les deux capitales régionales déchues. De l’autre, une ligne POLT rénovée (suppression de passages à niveaux, correction de tracés, nouveau matériel…) permettrait une desserte efficace en Intercités entre Limoges et Paris, aux alentours de 2h30 également. Une répartition « naturelle » des trafics serait donc attendue, sans doute en fonction des préférences budgétaires de chacun.

[…] si le temps de parcours entre Limoges et Paris [par la ligne classique Limoges-Poitiers, ndla] peut passer en dessous du temps de POLT, le gain de temps sera moindre qu’avec la LGV Poitiers-Limoges, et donc la répartition des usagers entre POLT et les liaisons Paris-Poitiers-Limoges via la LGV SEA sera plus équilibrée en fonction du surcoût de l’utilisation du TGV par rapport au train classique.

[…]

Une desserte « légère » via un petit nombre de TGV complété par des TER directs jusqu’à Poitiers permettrait aux voyageurs les plus pressés de rejoindre ou quitter Limoges en empruntant la ligne à grande vitesse Paris-Bordeaux. Sans « concentrer » tous les voyages sur cette liaison, la place resterait pour l’utilisation du POLT avec une desserte optimisée. La ligne POLT, qui assure une desserte plus fine du territoire, avec Uzerche, Cahors, mais aussi La Souterraine et Vierzon, resterait privilégiée par les usagers qui y trouveraient des tarifs plus attractifs et un gain de confort important, leur permettant de vivre le temps passé dans le train comme du temps qui n’est pas perdu. Le Limousin trouvera aussi, avec cette politique équilibrée, un double accès dans Paris, via la gare d’Austerlitz ou la gare Montparnasse.

C’est ici que l’idée a priori séduisante me semble moins convaincante. Comment garantir un équilibre entre les deux options ? M. Delebarre estime les deux options complémentaires : la première (par Poitiers) servant à renforcer la cohésion régionale, l’autre à renforcer les liens avec Paris sans délaisser le centre de la France. Cela s’entend, mais n’est-ce pas utopique ? Surtout, l’idée de faire circuler des TGV sur ligne classique entre Poitiers et Limoges, option certes plus économe que la construction d’une LGV, pose de sérieuses questions quant au financement d’une pratique que l’on sait très coûteuse. C’est d’ailleurs ce qui a amené la Région Nouvelle-Aquitaine à abandonner le financement du TGV Brive-Lille, que M. Delebarre propose pourtant de remettre lui aussi en service (à juste titre à mon avis).

Electrifier la ligne entre Poitiers et Limoges pour la rendre plus attractive et ainsi offrir une alternative à la mise en quatre voies de la RN 147, est une hypothèse très intéressante, car ces deux villes ont des choses à se dire et gagneraient à se regarder autrement qu’en concurrentes. Mais encore faudrait-il ne pas être trop gourmand en menant de front deux chantiers permettant l’un comme l’autre à Limoges d’être à moins de 2h40 de Paris. Nos capacités de financement sont-elles à cette hauteur ? Le potentiel de trafic entre Poitiers et Limoges cumulé à celui des territoires de l’Indre et du Cher, est-il à même d’assurer le succès parallèle des deux options ? Comment garantir que l’un des projets ne se fasse pas au détriment de l’autre ? Qu’un service très ambitieux sur l’une des lignes ne soit pas handicapé par la mise en place d’une desserte concurrente sur l’autre ? Que les passagers les plus pauvres soient contraints à un omnibus de seconde zone ? Pourquoi cette impression, partagée d’ailleurs par Frédéric Soulier, maire LR de Brive (Le Populaire du 28 juillet), de n’avoir pas su prendre de manière plus résolue le part de l’une ou de l’autre des options ? La modernisation de Poitiers-Limoges est bien entendu essentielle, mais ne peut-on penser que sa vocation est avant tout de garantir une desserte régionale de qualité, quand celle de POLT est aussi de demeurer un maillon d’intérêt national ? On est donc en droit de ne pas partager l’optimisme de M. Delebarre, dont la réussite des projections demeure toutefois assortie d’un vœu pieu, celui d’une discussion constructive entre Etat et Région :

Cette option, qui aboutit à rendre un service d’équilibre du territoire à la fois par le POLT en « Train d’équilibre du territoire » et par un mixte de TER et de TGV n’est pas classique, mérite d’être approfondie en termes de gouvernance, et nécessitera des discussions approfondies sur les rôles respectifs de l’État et de la Région Nouvelle Aquitaine dans la mise en place de ce service.

L’idée de moderniser conjointement les deux axes est donc autant enthousiasmante qu’incertaine.

Pour ce qui est de POLT, l’idée d’une amélioration des temps de parcours au prix de travaux et d’une amélioration des véhicules, promise par l’Etat, me semble plus fiable, une trentaine de minutes pouvant être gagnée sur la liaison Paris-Limoges. Mais là encore, je pense qu’il faudra rester vigilant : il ne faudrait pas que l’arrivée de connexion Wi-Fi dans les futures rames Intercités entre 2020 et 2025 (ou la mise en place de vieilles rames TGV Atlantique sur POLT, comme réclamé par une pétition récente), ne soient que les petites compensations apportées aux quelques irréductibles voyageurs qui continueront d’emprunter une ligne POLT qui entre temps aura perdu en efficacité, faute de travaux d’infrastructures suffisamment ambitieux… L’une des déclarations finales ne me semble pas dissiper suffisamment les doutes :

Il appartiendra aux collectivités concernées par la ligne POLT, en concertation avec l’État, de se prononcer sur ces améliorations à poursuivre rapidement pour conforter chez l’usager l’envie d’utiliser cette ligne et sa confiance en son bon fonctionnement.

Les décideurs comptent-ils « conforter l’envie » de l’usager autrement que par de simples améliorations de la 4G ?

Liaisons transversales : peut mieux faire !

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La ligne Limoges-Angoulême à Exideuil (16), gare fermée depuis l’an dernier. (c) L. D, 2013.

Je suis d’accord avec l’idée que la création de la nouvelle grande région suppose des améliorations substantielles entre les villes appartenant autrefois à des régions différentes (principalement Poitiers-Limoges, on vient de l’évoquer, et Bordeaux-Limoges, qui fait l’objet de réflexions approfondies de la part de la Région Nouvelle-Aquitaine). M. Delebarre reste en revanche fort peu loquace quant à l’avenir des liaisons transversales vers l’est, pourtant essentielles pour assurer le désenclavement des territoires centraux et des marges des nouvelles grandes régions. Tout juste trouve-t-on :

Je tiens d’ores et déjà à souligner l’importance qu’il y aurait pour la région Nouvelle Aquitaine à entamer des discussions avec sa voisine Auvergne-Rhône-Alpes afin de coordonner les horaires des liaisons « transfrontalières », qui permettent notamment à Aurillac d’accéder aux trains vers Paris à Brive.

Au-delà, aucun mot concret sur les moyens de parvenir à relancer les liaisons suspendues, qu’il s’agisse d’Ussel – Clermont-Ferrand ou de Limoges – Guéret – Montluçon – Lyon, alors que leur devenir est crucial pour la cohésion territoriale. À peine plus au sujet d’Angoulême – Limoges, bien malade pourtant, ou de liaisons dynamisées entre Brive et Bordeaux. Rien non plus sur l’électrification de Saint-Sulpice-Laurière – Guéret – Montluçon, promise depuis des années, et qui pourtant serait tout à fait complémentaire de la modernisation de Poitiers-Limoges. Sans doute aurait-il été pertinent de missionner une étude sur la desserte ferroviaire du grand Massif central…

En définitive…

TGV_Brive-Lille_Limoges_300516_(1)

Passage du dernier TGV Brive-Lille en gare de Limoges (30 mai 2016). Cette liaison relancée peut constituer une solution à court terme pour limiter les effets de la relégation. (c) L. D., 2016.

Au final, si ce rapport a le mérite d’évacuer la relance de la LGV, et si je suis convaincu par l’idée de moderniser la ligne classique Poitiers-Limoges, l’idée a priori stimulante d’en faire une alternative à la liaison Paris-Orléans-Limoges, me semble à terme préjudiciable à l’avenir de la ligne POLT historique. Je suis dubitatif quand à la circulation de TGV entre Poitiers et Limoges, qui pourraient assécher POLT et donc à terme recréer les effets néfastes de la LGV Poitiers-Limoges sur la liaison classique. Nos territoires peuvent-ils se permettre un projet en demi-teinte, qui peine à choisir entre deux options séduisantes mais potentiellement réciproquement excluantes ? Ce sera aux acteurs politiques de trancher, enfin.

Je trouve en revanche que le retour des circulations TGV Brive-Limoges-Roissy-Lille est porteur d’opportunités plus intéressantes et moins concurrentes, en ce qu’il permet l’ouverture au réseau européen que l’arrivée à Paris-Montparnasse de rames TGV venant Limoges et Poitiers, certes plus rapides, ne peut assurer. Si cette liaison était effectivement déficitaire, l’absence de communication faite à son sujet n’y était sans doute pas pour rien.

Je regrette enfin que le rapport n’ait pas fait de l’amélioration de POLT le cœur de son développement, et ne s’inspire qu’à la marge des propositions faites dans le cadre du projet « THNS – Des trains pour tous » dont j’ai déjà parlé ici. Les liaisons transversales, régulièrement négligées, brillent aussi par leur absence.

Ce rapport n’a certes de vocation qu’indicative. Le plus difficile sera sans doute de créer les conditions de la construction collective d’un nouveau projet fédérateur, sérieusement financé, et de s’épargner un nouveau gaspillage monumental d’argent public comme l’a impliqué le projet LGV Poitiers-Limoges. Gâchis autant déplorable qu’imputable à l’aveuglement de certains responsables politiques qui ont cru bien faire en s’obstinant à défendre un projet bancal. La proposition à deux têtes qu’avance M. Delebarre me semble hélas préfigurer de nouveaux affrontements de vues entre des responsables politiques que l’on attend pourtant au tournant. J’espère me tromper !







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