J’ai 10 ans ! Et maintenant ?
5 12 201710 ans déjà…
Le 5 septembre 2007, je publiais le tout premier article de ce blog. Sobrement intitulé « Bienvenue ! », il n’avait certes pas encore la tonalité politique que mes écrits prendraient peu après et progressivement, mais il constituait le point de départ d’une aventure personnelle, à la fois numérique et politique.
Il y a donc un peu plus de dix ans. Dix ans d’âge ; une éternité dans le petit monde des blogs, et au-delà, à l’échelle de la société numérique. Alors florissante, dynamique, symptomatique d’une nouvelle façon de créer et prolonger les débats d’idées, la blogosphère semble avoir été progressivement ringardisée par les renouvellements successifs et effrénés des codes de la communication et de la discussion numériques, dont les réseaux sociaux sont la principale incarnation.
En une décennie, la galaxie des blogs limousins s’est effectivement rétractée. Parmi les principales adresses qui à l’époque contribuaient à l’animation des débats politiques avant, pendant et après les périodes électorales, et prolongeaient (voire concurrençaient pour certaines) la presse locale, citons notamment le blog de Tristan Bromet, sans doute le plus actif et le plus riche en révélations, le carnet de Vincent Léonie, les blogs des socialistes la Jeune garde du 87 (ouvert pour les municipales de 2008) ou de Maxime Nègremont, celui du centriste Pascal Appanah, du lycéen Pierre Dumazeau, ou encore ceux des écologistes Cyril Cognéras, Yann Dano et Florent Mignot. Au plus fort de leur activité – les élections de 2008, donc – tous ces blogs généraient plusieurs centaines de visites par jour, de nombreux commentaires, et leur lot régulier d’évocations dans la presse traditionnelle. Il faut bien avouer qu’ils avaient contribué à souligner le manque d’appétence des élus locaux pour la communication numérique : Nadine Rivet, alors élue d’opposition Modem, aujourd’hui devenue adjointe de l’équipe Lombertie, faisait presque figure d’exception (également en tant que femme !), bien que son blog ne rendît plus compte que des résultats du CSP lors des deux dernières années de son existence…
Aujourd’hui, les blogs survivants sont rares. Le tournant date vraisemblablement de la pré-campagne présidentielle de 2012, qui consacre l’avènement massif des posts Facebook et des tweets dans la communication politique comme dans l’action militante. À cette époque, on s’étonne de l’absence de la plupart des élus locaux du Limousin des réseaux sociaux (décidément le web ne les séduit pas), et c’est déjà la preuve d’un changement d’époque, voire d’une fracture entre deux ères.
Certains des anciens blogueurs limousins ont changé d’horizon ; c’est le cas de Tristan Bromet, qui avait fermé son blog dès la fin 2009, au grand regret de nombreux internautes. Recruté quelques mois chez France 3 Limousin comme chroniqueur, puis parti à Paris où il fut plus récemment au cabinet d’Anne Hidalgo à la mairie, il est depuis quelques mois chef de cabinet de Brigitte Macron à l’Élysée (quel parcours !).
Parmi ces blogueurs historiques, d’autres demeurent actifs à Limoges ; ils ont parfois pris un peu de distance vis-à-vis de l’engagement partisan, parfois au contraire l’ont fait perdurer, voire fructifier. Vincent Léonie a pris une autre dimension politique, puisqu’il est aujourd’hui adjoint au maire de Limoges en charge des questions d’urbanisme. Maxime Nègremont est élu municipal d’Isle. Cyril Cognéras, ancien conseiller municipal, parmi les pionniers (blog ouvert en 2006), continue d’alimenter son site, où politique et écriture se côtoient toujours. S’il garde ses sympathies pour la gauche alternative, Florent Mignot a pris quelque distance avec l’engagement partisan depuis sa dernière candidature aux départementales en binôme avec l’insoumise Marie Labat. Cette dernière, connue autant pour son activité d’auteure de polars que ses récentes participations aux scrutins locaux, est une des figures de cette nouvelle génération de militants connectés, de fait pas forcément plus jeune mais certainement pas moins engagée. Quelques rares élus incarnent ce mouvement : Laurence Pache, ex-élue régionale creusoise, ou Danielle Soury, sa camarade insoumise élue à Limoges, ont renouvelé le paysage en ouvrant leurs blogs respectifs. Le blog Limoges Reconquête, héritier de la Jeune garde, distille aussi, quoique de façon fort épisodique, les espoirs d’une gauche locale encore atomisée, et atone… Ponctuellement, au gré des scrutins, quelques blogs éclosent puis s’éteignent – on se souvient notamment des « portraits cachés » de Cyril Marchan lors de la campagne municipale de 2014, ou plus loin de l’expérience avortée de « Libre à Limoges », magazine papier et web alternatif d’opposition à la majorité Rodet…
C’est une évidence, la blogosphère n’est plus ce qu’elle était. Les rares blogs encore actifs sur Limoges parlent avant tout de patrimoine et de belles photographies (« Limoges passionnément » par exemple). Désormais, l’actualité politique vit donc largement sur Facebook ou Twitter : outre Marie Labat, c’est largement sur les réseaux sociaux que s’expriment les élus et militants comme Emile-Roger Lombertie (le maire de Limoges dispose aussi d’un « carnet »), Gérard Vandenbroucke, Philippe Reilhac, Marie-Anne Robert-Kerbrat, Guillaume Guérin, Pierre-Edouard Pialat, Stéphane Bobin… Certains sont actifs sur plusieurs fronts, et croisent les engagements : on pense aux parutions régulières de Laurent Bourdelas, qui mêlent toujours de façon engagée actualité culturelle et histoire locale, ou encore à celles de Vincent Brousse, non dénuées d’humour.
Les échanges sur ces réseaux sont sans doute plus vifs, probablement plus vivants… mais pas forcément plus sincères. Le pire côtoie le meilleur. Surtout, ils sont plus éphémères. Les traces ne subsistent pas, vite remplacées par l’actualité du lendemain. On peut en ressentir de la nostalgie, mais désormais sans doute s’informe-t-on et débat-on autrement. Les réseaux sociaux ont en partie aboli les hiérarchies sociales, culturelles, ce qui n’est pas un mal en soi. Ils paraissent plus paritaires, aussi, saluons-le. De manière générale, ils semblent aujourd’hui essentiels pour des décideurs décidés à renouer avec leurs administrés. Ils ont facilité le développement de mouvements citoyens alternatifs soucieux de bousculer les pesanteurs et de donner un petit coup de fouet au débat public (55 citoyens pour Limoges en est un exemple évident). Mais sans doute n’y a t-on pas toujours gagné en sérénité… Le web n’est pas une fin en soi !
De mon côté aussi, les publications se sont faites plus rares – et en même temps plus denses et toujours plus « localistes ».
Si je devais revenir sur quelques moments marquants de cette expérience, sans doute pourrais-je citer :
- Le grand débat suscité par mon très court article « Qui pour Panazol », publié le 12 novembre 2007, en pleine campagne municipale dans la troisième ville du département où la succession de Bernard Delage ouvrait la voie à un affrontement entre deux anciens collègues socialistes de la même majorité, confrontés à un candidat de droite. 123 commentaires, record net et absolu !
- Le rendez-vous manqué de la République des blogs, en juin 2008, lorsque quelques blogueurs cités précédemment organisaient un débat public sur le sujet, au Buffet de la gare de Limoges. Indisponible et sans doute avant tout trop impressionné (du haut de mes 15 ans!), je n’y avais pas été. Ce rendez-vous en appelait d’autres, qui finalement n’eurent jamais lieu !
- L’arrivée sur Facebook. La création d’une page dédiée n’a certes pas stimulé le débat, mais elle aura peut-être facilité la visibilité de quelques publications…
- Quelques infos plus originales, dont je ne prétends pas détenir l’exclusivité mais qui me semblent aujourd’hui encore inédites sur la toile : l’historique du logo de la Ville de Limoges, la fermeture du campanile de la gare, ou encore les photos des graffitis historiques de l’ancien manège Montrouge. Avec le recul, le temps qui passe, certaines de ces informations peuvent paraître dérisoires mais elles en gagnent en originalité, en saveur (ainsi, qui se souviendrait aujourd’hui du nom de tous les élus au Conseil régional des jeunes du Limousin en 2011 ? Qu’en 2010, une exposition à la Grange à calèches présenta les projets de jeunes architectes inspirés par Limoges ? Ou encore, que le Lycée Gay-Lussac remporta l’édition « jeunes » de Questions pour un champion en 2009 ? [Ah bon, ça ne vous empêche pas de vivre ?])
- Une série de publications liées au patrimoine de Limoges (sur Stéphane Bern, le patrimoine industriel, l’UNESCO ou le recyclage des bâtiments) ;
- Une mention dans un livre de Laurent Bourdelas ;
- Une série de commentaires littéraires (7 ouvrages commentés) ;
- Des séries thématiques : sur les présidents de la République en Limousin, sur les publicités vantant le Limousin…
- Des interviews : des étudiants (Pierre Lyraud et Marie Toulisse) et de jeunes militants politiques lors de la campagne de 2012 (Florent Mignot, Catherine Laporte, Matthieu Broussolle et Valentin Roche) ; merci encore à eux d’avoir rendu ce blog un peu plus vivant et incarné…
Sur un plan plus statistique, mon blog c’est
- 538 articles publiés, essentiellement entre 2007 et 2013 j’en conviens.
- 808 commentaires (modeste, j’en conviens aussi), dont 28 sur la page de description personnelle (merci pour votre soutien!)
- Plus de 430 000 visites (mais il s’agit de chiffres à prendre avec bien des pincettes…)
Ce sont aussi quelques lecteurs que je sais avoir été réguliers, même sur une période ancienne.
Merci à tous ceux qui depuis le début ou depuis plus récemment, ou plus ponctuellement, ont suivi les débats et les idées qui ont émaillé l’actualité, en même temps qu’ils ont rythmé (et ont été rythmés !) par mes successives pérégrinations, en Suisse et à Lille notamment. De l’adolescence à l’âge adulte…
Mon quotidien a changé. Depuis octobre, j’habite en Ariège où je m’occupe désormais de patrimoine industriel. Je n’ai pas quitté le Limousin pour autant ; comme « toujours », j’y reviens autant que possible, toujours animé par le même attachement à ce territoire riche de ce qu’il ne sait pas toujours… Assez logiquement, mes nouvelles obligations, un nouveau mode de vie, m’invitent à modifier l’utilisation de cet espace, déjà un peu délaissé dernièrement. Pour éviter de revenir une fois encore sur mes propos, je n’annoncerai pas la suspension de ce blog. Sans doute y publierai-je encore, au gré de mes engagements, de mes passions, de ma sensibilité aussi. Patrimoine et politique continueront, je l’espère et le souhaite, de s’y mêler. Soit dit en passant, l’essentiel de mes activités est accessible via cet espace annexe, qui condense publications et engagements associatifs et plus personnels.
A bientôt, et merci encore aux quelques irréductibles qui par fidélité ou par hasard, passeront par ici.
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