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> La gare de Limoges chez Stéphane Bern : les enjeux du patrimoine à la télé

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Capture d’écran 2014-07-05 à 10.05.14Il y a quelques jours, il m’a été donné la chance de participer à un tournage télévisuel, à la gare de Limoges-Bénédictins, pour le compte de l’émission « Le monument préféré des Français », qui sera présentée à la rentrée par Stéphane Bern sur France 2.

Sollicité par l’intermédiaire de mon blog, j’ai apparemment intéressé l’équipe de tournage pour le rôle de « fil rouge » que j’allais devoir endosser pour cette expérience. Autrement dit, celui du visiteur privilégié, à qui l’on octroierait le droit très privé de découvrir ces lieux méconnus de la gare, ceux qui ne sont jamais ouverts au public. Grâce à Christine Payen (SNCF), l’historien Pascal Plas, le responsable du « Buffet de Limoges » Alain Guillout, ou encore Eric Boutaud de l’office de tourisme, j’ai pu découvrir la gare sous un autre angle, et j’ai ainsi pu monter dans le campanile au-dessus des horloges, découvrir les travaux de restauration du dôme après sa destruction par le feu en 1998, ou encore arpenter le fameux souterrain autrefois réservé à la Wehrmacht. Des privilèges dont la valeur était pour moi encore plus élevée compte-tenu de mon vif attachement à ce monument et à sa protection.

Le principe de l’émission se calque sur celui du Village préféré des Français, dont la 3e édition a été diffusée tout dernièrement sur France 2. Dans chaque région métropolitaine, 6 monuments sont pré-sélectionnés, et seront présentés dans des émissions quotidiennes en fin d’après-midi. Les internautes peuvent voter pour celui qu’ils préfèrent (un par région) ; celui qui dans chacune des 22 régions aura recueilli le plus de votes obtiendra le droit de « participer » à la dernière émission en prime-time, qui décomptera les monuments ainsi plébiscités et pourra proclamer lequel d’entre-eux est le « préféré des Français ».

DSC_0453Si les votes sont hélas déjà clos – soyez certains que je vous aurais sinon vivement engagé à aller faire votre choix -, je n’en espère pas moins que les Limougeauds et visiteurs auront su reconnaître en la gare de Limoges le plus bel ambassadeur de notre région. Car au-delà de ce goût actuel pour les classements que d’aucuns ont peine à comprendre, je pense que le véritable enjeu de ces programmes – et c’est tout à leur honneur – est bien de replacer au cœur de nos débats l’enjeu de la protection et de la valorisation du patrimoine, une responsabilité collective. La culture n’est pas un enjeu « secondaire » que la crise et les exigences financières devraient reléguer au rang de distraction, ou même de privilège des classes aisées. La culture n’est pas une « thématique », elle n’est pas un dossier isolé et obscur que seuls les spécialistes ou les artistes pourraient défendre. Non, la culture, et avec elle, la défense du patrimoine et la valorisation touristique de ces atouts peuvent entraîner derrière elles l’ensemble de la société dans un élan productif, tant sur le plan économique, que social. Elle est un pilier transversal du vivre-ensemble et du développement durable des territoires, qui participe de l’exercice des relations sociales, de l’apaisement des tensions et de la relance de notre économie. Puissent ces programmes participer de l’affirmation de ces principes ! Car non, les voir comme un dispositif sensationnaliste et de fait réducteur est une facilité : par leur popularité, leur esthétisme, ces programmes participent de la construction d’un paysage mental duquel naissent les sentiments d’appartenance et les attachements ; cette géographie des « belles images » a des atouts dans la conscientisation collective des richesses variées de nos territoires et des enjeux de sa défense.

DSC_0387Parions ainsi que cette émission favorisera d’autant plus la réappropriation par chacun de ce patrimoine monumental, et que par extension elle accélèrera la réouverture au public d’un campanile sécurisé, qui offre sans doute la plus belle vue qui soit sur Limoges. Parions aussi que cette prise de conscience servira d’embrayeur à la protection du « petit patrimoine » qui jalonne nos rues et nos quartiers, et qui autant que les grands bâtiments, est l’expression d’une histoire et d’une culture partagées.

De mon côté, cette participation n’a fait que renforcer mon affection pour Limoges et mon envie d’en défendre et valoriser la diversité patrimoniale. Rendez-vous à la rentrée pour la diffusion !

 

Un grand merci à l’équipe de tournage, et à tous les participants qui m’ont permis de passer deux journées exaltantes.




> Réforme territoriale : et si on parlait « pratique politique » ?

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Capture d’écran 2014-07-03 à 10.50.58On parle de réforme territoriale. Le problème, c’est que ce projet en l’état n’a pas grand-chose pour convaincre.

Le débat ne se concentre qu’autour de limites dont personne ne veut, et qui semblent avoir été décidées de façon arbitraire. Je ne peux m’empêcher le parallèle osé mais amusant avec le découpage du Tarn-et-Garonne, qui selon la légende, serait fruit d’un décalquage de la main de Napoléon Ier sur une carte de France. Je n’en suis pas à comparer François Hollande à l’Empereur, mais j’ai la triste impression que les autorités actuelles, poussées par la crise de confiance et les désaccords entre les différentes ailes du PS, ont confondu « prise de décision » et « imposition de décision ». A moins que François Hollande, à qui l’on a tant reproché de n’avoir pas su troquer son costume d’élu local pour celui de chef de l’Etat, s’imagine encore président du conseil général de Corrèze et que par conséquent, il se trouve à lui seul autant légitime pour trancher que les milliers d’élus locaux qui sont eux directement et sur le plan pratique concernés par la réforme.

Sur quoi devraient donc s’appuyer ces nouvelles limites ? A mon sens, la dimension culturelle est importante mais pas déterminante. Je suis personnellement militant de l’allocation de moyens supplémentaires pour la valorisation et la reconnaissance des cultures régionales et minoritaires. Mais je pense que cet enjeu n’est pas forcément celui qui doit motiver la réunion des régions. Nous sommes culturellement plus proches de l’Auvergne que de Poitiers, mais quels sont nos liens directs et physiques avec Clermont ? D’autant que la dimension culturelle et identitaire, si elle repose sur des références communes, ne me semble pas assez partagée à ce jour pour en devenir un facteur de choix central, sinon déterminant. Autrement dit, faire de l’Occitanie le déterminant des futures régions est illusoire. De surcroît, remarquons que les projets culturels ne paraissent pas tant souffrir des inerties administratives. Ainsi, les parcs naturels régionaux existent bien de part et d’autre de frontières régionales ; ailleurs, le sentiment catalan perdure bien du côté français de la frontière sans que les collaborations avec Barcelone en soient freinées autrement que par la frontière étatique ; la comparaison toutes proportions gardées pourrait se faire entre la Charente limousine et Limoges. En revanche, dans une région rurale, enclavée, dépréciée et désertée par ces jeunes comme la nôtre, la détermination de potentialités de développement socio-économique (donc d’emploi, de projets porteurs) me semble une priorité, qui elle pourrait façonner les nouveaux découpages et a fortiori favoriser à nouveau le dynamisme culturel. Si l’on voulait bien prendre la mesure de cette réforme, en acceptant d’éclater les régions. Et pourquoi pas, redéfinir les limites départementales héritées de temps de parcours en cheval, rappelons-le.
Cette réforme néglige l’avis du peuple. A mon avis, le référendum est un piège, auquel Hollande ne doit pas céder (on voit mal de toute façon comment il pourrait accéder à cette requête qui se transformerait en plébiscite contre lui). En effet : comment concilier les avis des citoyens selon les régions dont les contextes sont très différents ? Comment faire d’un « oui » ou d’un « non » une réponse constructive et nuancée ? Non, le référendum comme l’a préconisé le Sénat est une impasse. Mais pourquoi ne pas organiser des véritables concertations locales, des cycles d’échanges qui associent non seulement les élus locaux, les citoyens volontaires, assurément, mais aussi les acteurs du monde économique, associatif, et, bon sang, du milieu universitaire ! Ne reproduisons pas la bêtise de 1962.

Les compétences des futures régions ? On n’en parle peu, alors qu’elles seront au cœur du quotidien des citoyens. Et quand bien même on avance le démantèlement des départements dont les compétences seraient reprises par les nouveaux chefs de file que seraient la région et l’intercommunalité, on n’en résout pas davantage la lapalissade qui fait que l’on supprime dans le même temps la clause de compétences générales… La création en doublon des chefs de file ne serait-elle pas un effet d’annonce pour étayer l’aspect faussement novateur de cette réforme bancale ? Et quid de la perte de proximité potentielle ? Comment les transports ou les projets micro-économiques de la Combraille pourraient-ils être bien gérés par Bordeaux, qui a d’ores et déjà annoncé par la voix de ses grands élus qu’elle accepterait le Limousin… sans s’en occuper !
Quid du mode de désignation des élus ? Extrêmement flou et arbitraire. Ce qui est embêtant alors que l’on déplore la perte de confiance des citoyens en leurs représentants. Le seuil des 150 élus régionaux sera préjudiciable aux territoires ruraux peu peuplés. Combien de représentants la Creuse enverra-t-elle à Bordeaux ? Si peu, que cela en résumera parfaitement mais dramatiquement le message que le gouvernement envoie aux territoires ruraux.

Enfin, sujet majeur : en quoi cette réforme garantirait effectivement des économies ? Je souscris en ce point à la totalité de la déclaration de l’ancien président du Conseil régional du Limousin, Robert Savy, qui s’exprimait voilà quelques jours dans les colonnes du Populaire du centre. Celui-ci rappelait le flou étonnamment entretenu autour des modalités et des arguments concrets qui seraient susceptibles de nous convaincre du bien-fondé comptable de cette révolution territoriale. Et qui pour essayer de le prouver ?

Il y a quelques jours, Le Nouvel Observateur a présenté les 8 plus gros gaspillages ou 8 plus grosses aberrations de projets construits ou en cours de construction dans les régions. Des projets dont l’échec serait à mettre sur le compte de la superposition des échelons territoriaux (la proximité des deux grands aéroports de Lyon et Grenoble, l’incapacité des élus savoyards à s’accorder sur le financement du train vers Genève, l’échec du musée du cinéma à Angoulême, les frais incroyables de transports des élus d’Île-de-France). A la lecture de ces échecs, de ces projets fous et finalement complètement bancals, que la réforme territoriale doit empêcher, j’ai remarqué que plus que les limites des régions, c’étaient leurs élus et leurs pratiques qui étaient mis en cause.

Et je me suis donc demandé : plus que de réforme territoriale, qui telle qu’elle est menée ne convaincra jamais, et n’apparaît pas comme garantie absolue d’économies recherchées, plus que de réforme territoriale, donc, n’est-ce pas d’une réforme de la pratique politique, dont il faudrait parler ? Je ne suis évidemment pas en train d’abonder dans le sens du « tous les mêmes », ou « tous pourris », soyez-en certains. Ce ne sont donc pas les hommes et les femmes que je mets en cause, mais bien le cumul des mandats dans le temps, l’habitude de l’exercice du pouvoir, les familiarités qui au fil du temps transforment les relations démocratiques en copinages néfastes pour la transparence des décisions et rendent impossibles la prise de recul et la remise en question nécessaires au respect de l’intérêt général et de la cohérence des projets d’aménagement.

Ainsi, ma réforme à moi – car oui j’en propose une -, elle s’articulerait en trois points :

  • Respect de la souveraineté citoyenne et organisation de véritables débats en région, avec contributions réelles des acteurs de la vie quotidienne (élus, mais aussi monde économique, associatif, culturel, universitaire), qui permettraient de proposer des découpages réellement efficaces, les moins polémiques possibles, et surtout, appuyés sur des réalités concrètes. Le report sans ménagement des élections et la précipitation de cette réforme sont un joli pied de nez à la démocratie locale.
  • Respect du principe de solidarité des territoires, et non fuite en avant vers la concurrence débridée entre les grosses métropoles, une métropolisation qui transformerait nos régions rurales en marges complètement anonymes et délaissées (les exemples catastrophiques de la métropole de Lyon, de la réforme des cantons ou du seuil de 20.000 habitants dans les futures intercommunalités toujours aussi peu incarnées, sont éloquents). Ce principe assurerait un découpage en phase avec les représentations et les pratiques de tout un chacun.
  • Réforme profonde de la pratique politique, par l’interdiction stricte du cumul dans le temps Certes, les lois ne font pas tout, mais elles peuvent contribuer à changer les réflexes d’action et de pensée. Prenons également la peine de tout penser ensemble : pourquoi les cantons ne sont-ils pas fusionnés dans l’intercommunalité ? Et comme le faisait très justement remarquer un de mes camarades du Forum citoyen des jeunes limousins, pourquoi ne pas avoir intégré dans la réflexion les périmètres des Pays, ces territoires de projets créés sous Jospin qui ont le mérite d’associer les communes autour de véritables stratégies de développement durable ? Cette réforme ne supprime pas des échelons : elle les multipliera et les complexifiera.

Si ces principes n’étaient effectivement et finalement pas respectés, voilà quelles en seraient les conséquences pour notre territoire :

  • Un territoire éclaté, alors qu’il a un destin commun, celui d’une région enclavée et encore méprisée dont les atouts sont pourtant nombreux. Et que pour l’instant, rien ne garantisse la réussite d’une réunion de la Creuse à l’Auvergne (dont elle demeurera une marge), ou de la Corrèze à Midi-Pyrénées ou Aquitaine.
  • Une capitale régionale reléguée et oubliée : je rappelle que Limoges, ancienne cité industrielle, vit essentiellement de l’administration, qu’elle perdra au moins en grande partie si le Limousin devient une frange de la future grande région Sud Ouest qu’on nous promet. Certes, il est de la responsabilité des élus, réforme ou pas, que de créer les conditions d’une relance économique des anciens pôles industriels, mais tout ne peut se faire d’un claquement de doigts, et encore moins si le gouvernement joue dans l’autre sens.
  • Des infrastructures toujours plus délaissées, anéantissant toujours davantage la possibilité de construire des projets en milieu rural et périurbain et d’y bénéficier de services de proximité performants ; une situation aggravée par l’adaptation consentie des élus au système ultra-libéral, et par le fétichisme persistant de certains de ces élus pour le fantôme trompeur qu’est la LGV, dont la déclaration d’utilité publique pourrait se transformer en affirmation de mort publique d’ici peu.

Quelles solutions ? Evidemment, que chacun réaffirme son statut de citoyen. Sans conservatismes, mais avec conviction, avec revendication ! Et ça, je vous le dis, ça ne passe pas par l’abstention, ou par le rejet de la politique ; au contraire ! Car la réforme du politique passera par le politique ! Elle se fera de l’intérieur ! Elle se fera si chacun de nous commence à s’engager, et participe de la refondation d’un système à bout de souffle. Ce dont on ne peut pas se satisfaire, et qui oblige beaucoup les jeunes, plus que jamais, et quelle que soit la préférence politique.







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