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> Urbanisme : et si la solution, c’était BIMBY ?

28012013

> Urbanisme : et si la solution, c'était BIMBY ? dans Actualité locale bamnagement

Vous connaissiez peut-être déjà le syndrome NIMBY, onirique acronyme attribué non sans dédain aux impactés des grands projets d’aménagement type LGV, qui combattraient corps et âme les expropriations et les nuisances sonores au nom de leur bien-être personnel. « Not In My Back Yard », pas dans mon arrière-cour. En somme, allez faire vos travaux là où ça n’embête personne. Autrement dit, votre projet est inutile. Mais BIMBY, c’est tout autre chose. Voire le contraire. Car c’est une nouvelle façon de concevoir collectivement la construction de logements et de répondre dans un souci de durabilité à cette demande.

bimby2-300x203 dans Aménagement du territoire

La galerie du CAUE de la Haute-Vienne présentait jusqu’à samedi dernier une exposition itinérante consacrée à BIMBY. « Build In My Back Yard », son interprétation anglophone, signifie « Construire dans mon arrière-cour ». Comme son nom explicité l’indique, c’est un nouveau concept d’urbanisme initié en 2009 par une dizaine de partenaires (collectivités, bureaux d’études et écoles d’architecture) en réponse à un appel à projets de l’Agence nationale de la recherche en faveur des « villes durables ». En d’autres termes, il s’agit de chercher à résoudre les problèmes écologiques, économiques et sociaux posés par la construction de résidences, et donc ce qui en découle, en terme de pression foncière, d’étalement urbain et d’isolement des résidents vis-à-vis des services et des transports publics. Au lieu de créer ex-nihilo de nouveaux lotissements uniformisés, consacrant l’enfermement des riverains et couronnant l’automobile, plus que jamais de façon anachronique, à l’heure de l’épuisement des hydrocarbures, on préfèrerait l’optimisation des terrains disponibles mais pas soupçonnés en zone urbaine. En cela, BIMBY est une démarche de développement durable.

En cherchant à déterminer des remèdes à la crise du logement, au grignotage des espaces dits naturels par la périurbanisation, les préconisations présentées au fil de l’exposition supposent de remplir deux contrats tacites. D’une part, en délaissant une partie de son terrain ainsi dévolu à une nouvelle construction, on peut procéder à des économies financières, voire des bénéfices, que l’on pourra transmettre en patrimoine, ou réinvestir dans une activité économique ou dans une opération de transition énergétique de ses installations domestiques, par exemple. D’autre part, de façon moins auto-centrée, on participe pleinement à l’objectif de durabilité en limitant l’impact environnemental du bâti et en favorisant un potentiel de cohésion sociale du quartier par l’accueil du ménage ainsi convié sur le nouveau terrain, et à travers la consultation conjointe des riverains, sollicitée pour le projet par les spécialistes de l’urbanisme appelés en médiateurs pédagogues.

bimby1-300x255 dans Découverten’est pas une initiative isolée et inédite. Derrière le terme de « densification urbaine », des dizaines de projets similaires ne portant pas ce vocable ont été menés et continuent d’être portés çà et là. Mais ce concept particulier séduit en ce qu’il demande de lui-même à être approprié par tous, partout où c’est possible, sans que cela ne devienne un label aux modalités et à la paternité contraignantes. En effet, le point fort de BIMBY, c’est sans doute celui de pouvoir être initié par les populations elles-mêmes, pour leur bénéfice propre, et donc d’inciter un nouvel urbanisme véritablement humain et pertinent à l’échelle locale. Et de relancer une nouvelle forme d’éco-citoyenneté. A la différence d’autres programmes urbains, même labellisés Haute qualité environnementale (ce n’est pas une garantie de « haute qualité de concertation »… ) Et pour la conduite concrète des aménagements, pas besoin de réforme constitutionnelle, de simples agencements des documents d’urbanisme (PLU, SCOT, PADD) sont requis. Évidemment, les projets se doivent de demeurer écologiquement cohérents et de ne pas nuire à la qualité de vie en sacrifiant des espaces de vie suffisamment spacieux au nom du gain économique à tout prix.

Ce qui est présupposé, c’est que l’émergence de ce type d’initiatives à une échelle quantitative satisfaisante ne saurait se passer d’une prise de conscience générale et collective des problématiques de la durabilité, et d’une assez bonne identification par la population des modalités de la transition écologique. Un éveil que les responsables politiques et associatifs se doivent de susciter, par l’encouragement à la participation démocratique des citoyens à la vie publique. Loin de toute euphorie écologisante et déconnectée de la réalité, ou de toute attitude démagogique, l’engagement des municipalités en faveur de cet enjeu de cohérence devrait être une règle morale de l’action politique.

Le site de Bimby : [ici]
Le site du CAUE 87 : [ici]

Images : (c) Projet Bimby




> La fin du panachage : une exigence de transparence et d’efficacité

22012013

> La fin du panachage : une exigence de transparence et d'efficacité dans Actualité locale belections

Si, comme prévu, la loi de réforme des collectivités est bien votée avant 2014, et comprend bien un volet consacré à la modification du mode de scrutin pour les élections municipales, alors le seuil des 3 500 habitants, en dessous duquel les électeurs peuvent pratiquer le panachage des listes et le rayage des candidats, pourrait être abaissé. On parle notamment d’un nouveau seuil maximal de 1 000 habitants. Ce serait une bonne chose, tant est critiquable cette pratique du panachage.

panachage-municipales-haute-vienne dans Gouvernement

Une pratique, qui, sous couvert de davantage coller à la non-politisation répandue et avérée des élus des petites communes et d’être en adéquation avec la proximité des habitants en milieu rural, limite la représentativité des tendances minoritaires. Déjà, en 2008, une cinquantaine de députés pointait à raison le fait que le maintien d’un tel système nuisait à la transparence du débat et à l’intégration des néo-arrivants, au sens où les populations, en particulier les nouveaux résidents venus de la ville, se heurtaient bien souvent au moment de voter à l’absence de lisibilité des projets. Il est en effet compliqué de faire confiance à des candidats sur leur seul nom, quand ils ne composent aucune liste et qu’ils n’ont donc pas forcément réalisé de profession de foi… Dans un projet de loi présenté au Sénat en septembre dernier, Jean-Pierre Chevènement en appelait lui aussi à cette suppression du panachage, au nom d’une facilitation de la parité dans les conseils municipaux. En outre, les détracteurs du panachage cherchent à démontrer en quoi ce système ne facilite pas le remplacement des élus démissionnaires (étant donné qu’il n’y a pas de « suivant de liste »), ne contribue pas à la clarté des élections sénatoriales et limite l’importance de la cohérence des équipes et du travail de groupe en amont dans la conduite des projets. Autant d’arguments plus ou moins percutants, mais tous à considérer.

Ainsi, en Haute-Vienne, un abaissement à une population municipale de 1 000 habitants (recensement 2010, valable au 1er janvier 2013), ferait passer le nombre de communes votant au scrutin de liste de 15 à 66. 1 000 habitants semble également un juste milieu : une commune de cette taille requiert 15 conseillers municipaux. Réunir 15 candidats pour la constitution d’une liste semble faisable, ce qui aurait peut-être été plus compliqué pour des communes de 500 habitants. Les 66 communes haut-viennoises pré-citées rassemblent environ 83 % de la population départementale, contre 62 % en 2008. Autant de citoyens qui verraient davantage certifié l’aspect démocratique de leur conseil municipal. Espérons que la prochaine loi sera à la hauteur de cet impératif.




> Plaidoyer pour l’audace des transports publics limougeauds

22012013

> Plaidoyer pour l'audace des transports publics limougeauds dans Actualité locale blim

trolley-articule-300x224 dans Aménagement du territoire

L‘arrivée tant attendue des trolleybus articulés sur le réseau des transports en commun urbains de Limoges est un bon signal. Avec le remplacement très prochain, sur la ligne 6, des ultimes valeureux mais archaïques ER 100.2 H en service depuis 1989, la STCL aura parachevé le remplacement intégral de ses véhicules. Une opération entamée en 2006, qui a été accompagnée d’une légère hausse de la fréquentation, et qui aura notamment permis de faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite, et conforté le choix politique de la ville pour un mode de transport en commun écologique, très répandu en Suisse ou en Italie, mais assez original en France (seuls Lyon, Nancy et Saint-Etienne possèdent encore des trolleys). Mais à choix politique de conservation d’un transport pertinent, appelons-en désormais à la volonté politique de le dynamiser et de l’étendre.

trams-trolleys-limoges-171x300 dans LimogesForce est de constater qu’au-delà de l’entretien du réseau existant et du renouvellement du parc, la carte des lignes de trolleybus n’a qu’assez peu évolué depuis que la municipalité de Léon Betoulle a, en 1951, après avoir visité Liège, choisi de remplacer les trams par ces véhicules silencieux et plus pratiques. La carte des lignes du trolley ressemble beaucoup à la carte des lignes de tram du début du siècle dernier. Partant de ce constat, on est en droit de penser que l’emprise du réseau adapté à une ville ouvrière et dense de 90 000 habitants, ne l’est pas à une agglomération de 190 000 habitants… Et depuis le prolongement de la ligne 6 dans les deux sens en 1996, et l’extension de la ligne 4 sur trois stations jusqu’à la clinique Chénieux en 2009, aucun autre projet ambitieux d’agrandissement de ce réseau pourtant prometteur n’a été évoqué publiquement. La multiplication des lignes de bus dans la deuxième moitié du XXe siècle a certes en partie compensé cette croissance urbaine, mais quoi de mieux que des lignes de trolleybus pour structurer un réseau prometteur en ce qu’il serait électrique et porteur en terme d’image ?

Je reste convaincu que le réseau de la STCL, trop peu fréquenté en comparaison de réseaux d’agglomérations de taille similaire, mériterait de voir ses lignes fortes étendues et électrifiées. Il pourrait potentiellement transporter bien plus d’usagers, si étaient prises des mesures audacieuses et cohérentes visant l’optimisation de la circulation des véhicules. Les retards récurrents, favorisés par l’absence en de nombreux endroits de lignes en site propre, autrement dit de couloirs de bus, la trop longue attente entre deux passages (souvent au-delà de 10 minutes, durée dissuasive) et l’absence de bus à haut niveau de service sont des facteurs limitant, nuisibles à la conviction du réseau. Voici quelques pistes pour relancer durablement l’utilisation des transports en commun à Limoges :

étendre les lignes de trolleybus vers les quartiers et communes périphériques, pour faire bénéficier les populations concernées d’une desserte rapide et moderne, et assurer la cohérence géographique du réseau en l’adaptant à la croissance de la zone bâtie de Limoges et de son agglomération. Ainsi, dans un premier temps, la ligne 2 pourrait être prolongée vers Isle et le terminus La Cornue de la ligne 5. La ligne 4 pourrait être prolongée d’un arrêt jusqu’à Beaublanc, avec terminus en site propre, connecté à une future ligne circulaire à haut niveau de service (cf. plus bas). Dans un second temps, après études nécessaires, la ligne 1 pourrait être prolongée de six arrêts jusqu’au centre de Panazol, voire vers le nord dans le cas d’une intégration effective de Couzeix à Limoges Métropole, et la ligne 2 pourrait être rallongée vers la zone industrielle Nord ou Beaubreuil.

électrifier tout ou partie des lignes 8 et 10, parmi les plus fréquentées du réseau. Ce serait un beau symbole, preuve de la motivation qu’aurait la ville de Limoges à présenter le trolley comme alternative au bus, et non seulement comme moyen concurrent. Le passage de ces deux lignes en alimentation bifilaire (autrement dit, une exploitation par trolleybus) pourrait dans un premier temps se limiter aux portions centrales, entre le lycée Dautry et la fac des sciences pour la ligne 8, entre ESTER et le CHU pour la ligne 10, par exemple. Signalons que le coût investi dans la construction des lignes électriques semble pouvoir s’amortir avec le coût moindre à l’exploitation de ces véhicules, sans oublier leurs avantages écologiques et sonores. La pollution visuelle que certains voient en l’obstruction du ciel par les fils semble tout à fait négligeable.

bhns-limoges-300x268 dans Municipales 2014 créer une ligne circulaire au niveau des boulevards extérieurs. A l’instar des plans du Grand Paris, il est prouvé que les relations de centre à périphérie des lignes de bus, typiques du décalcage des mouvements pendulaires automobiles, ne sont pas exclusifs. Or, dans la plupart des plans de réseau de transports urbains, Limoges compris, peu de lignes permettent à ce jour la circulation de périphérie à périphérie. Ces liaisons se font nécessairement via le centre, ce qui nuit en qualité de transport et en sur-fréquentation des véhicules en centre-ville. Renforcer la ligne 14, qui emprunte une bonne partie des boulevards susnommés, et l’étendre à l’est de la ville, pourrait être la meilleure solution. Cette nouvelle ligne viendrait délester les autres lignes du centre-ville et, par son passage sur les quais de Vienne, sous-exploités, elle permettrait de créer une alternative à la traversée de Limoges. En outre, en reliant l’ensemble des sites universitaires de Limoges, elle viserait à dynamiser ce pôle d’enseignement qu’est la capitale régionale. Il s’agirait aussi d’atténuer l’isolement des cités-dortoirs. On pourrait aussi imaginer cette réalisation à travers deux branches circulaires, aux mêmes terminus. La première (branche Est 1) demeurerait rive droite, reliant le CHU à La Bastide via la gare SNCF. La seconde (branche Est 2) passerait sur la rive gauche et emprunterait l’A20 pour relier les secteurs d’ESTER-Technopole et de la gare, à la zone industrielle sud. Plus éloignée du centre, elle se doit d’être très convaincante en temps de parcours pour qu’elle puisse être attractive (de longues portions en site propre à envisager), et nécessiterait donc des réflexions plus approfondies.

créer des lignes de bus à haut niveau de service (BHNS ou Busway). Ces lignes de bus améliorées sont entièrement repensées de façon à faciliter les correspondances, optimiser la vitesse des véhicules tout en assurant la sécurité des usagers de la route par la création de voies réservées (site propre réel). Les fréquences de passage sont proches de 5 minutes aux heures de pointe (contre 9 minutes prévues au minimum pour les lignes limougeaudes). Des avantages à concrétiser, de façon à convaincre le maximum de gens de préférer les transports en commun à la voiture individuelle. Par ailleurs, à terme, on pourrait lancer une étude quant à l’installation de guichets automatiques de vente de titres de transport, afin de gagner encore du temps. Dans un premier temps, la ligne 10 – la plus fréquentée du réseau – pourrait être réaménagée en ligne de BHNS (en complément ou remplacement d’une électrification partielle, par exemple), outre les projets de lignes circulaires.

A ces objectifs s’en ajoutent d’autres, qui plus largement pourraient être les grands axes d’une nouvelle politique des mobilités urbaines (nouveaux services de transport en centre-ville, nouvelles réflexions sur  la place du vélo, intégration du réseau STCL au programme intermodal régional Passéo, repenser l’implantation des parcs-relais, etc.). Et pourraient faire de Limoges une ville exemplaire.

Garder et relancer le trolleybus, en prouvant qu’il s’agit de la solution idoine, du juste milieu entre les bus, essentiels mais insuffisants, et le tramway, séduisant mais trop ambitieux et peu adapté, c’est aussi une manière de conserver une part de l’histoire limougeaude, un pan de l’identité de la ville, tout en modernisant. A l’heure où son engagement pour la durabilité est mis en avant, Limoges se doit plus que jamais de faire le pari de l’audace en matière de transports publics. Un enjeu pour 2014.

Illustrations : Limoges-Métropole ; L. Destrem, 2013




> Protégeons notre patrimoine industriel !

17012013

> Protégeons notre patrimoine industriel ! dans Actualité locale blim

La perspective de la destruction du logement patronal de l’ancienne distillerie Lacaux, près du Champ-de-Juillet, par un programme immobilier, suscite des désaccords bien légitimes. Six mois après l’épisode marquant de la nécropole de la rue de la Courtine, cette initiative, qui a reçu un avis défavorable de la part de l’architecte des Bâtiments de France, viendrait porter un rude coup à un symbole du passé industriel limougeaud, peu mis en valeur. Un nouveau projet qui fait s’interroger sur la façon dont cet patrimoine est conçu et géré, dans une commune détentrice du prestigieux et exigeant label Ville d’art et d’histoire.

distillerielacaux-300x190 dans Aménagement du territoireSoyons clairs et coupons court aux accusations:défendre l’intégrité de ce site ne revient pas à faire avec nostalgie de la patrimonialisation à outrance et muséifier une ville en stérilisant les terrains. D’une part parce que rien n’empêche (ni la loi ni la morale) pour construire des logements, de supprimer des bâtiments de cette même époque, s’il est reconnu qu’ils n’ont pas une valeur historique et architecturale particulièrement remarquable – et cela peut être le cas ! Ensuite, parce que l’édifice en question est, sans même bénéficier d’un classement spécifique, un élément patrimonial dont la valeur ne devrait plus faire l’objet de débat… Les fiches explicatives du ministère de la Culture rappellent que l’établissement Lacaux, avant de devenir une imprimerie, a constitué l’une des plus grandes distilleries de Limoges à l’aube de 1900. Rappelons que la distillerie et la brasserie ont constitué la principale activité économique agroalimentaire de Limoges, un des principaux secteurs d’emploi industriel avec la porcelaine et le travail textile. Les constructions héritées de cette activité ont, aux côtés des ateliers porcelainiers et des fabriques de chaussures, marqué le paysage du quartier de la place Carnot. Les plus proches de Lacaux se localisaient tout près de ce rond-point : rue de Belfort pour la distillerie du Centre, rue Hoche pour la distillerie Lescuras. A deux pas de là, deux célèbres ateliers de conception de chaussures qui ont exercé leur activité : Monteux, au bout de la rue de Châteauroux, dans le bâtiment accueillant aujourd’hui les archives médicales de l’Armée, et Heyraud, au XXe siècle, sur le site de l’actuel centre Saint-Martial. En outre, les fameux ateliers Haviland ou Bernardaud ne sont pas loin. Un quartier résolument productif, donc.

fourhaviland-300x300 dans DécouverteHélas, la prise en compte des éléments du passé industriel de Limoges, construits entre le XIXe siècle et l’entre-deux-guerres, autrement dit à une période-clé pour la ville, celle de son essor économique et de l’achèvement de sa mutation d’une modeste ville provinciale à un grand centre productif, pose parfois question. En dépit de la réalisation d’un inventaire assez riche en 2003, et d’un classement de la zone en Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP), ce patrimoine se dégrade. L’absence de réelle mise en valeur scénographique et fonctionnelle des bâtiments hérités de cette époque, exception faite du site de Royal Limoges (le four des Casseaux et… le McDonald’s), l’état de délabrement avancé des autres fours à porcelaine subsistant (cf. photo ci-contre, le four Haviland), ou la faible mise en valeur de ce patrimoine, bâti et vécu, dans la muséographie communale interpellent. C’est pourquoi j’en appelle à une prise de conscience et une nouvelle politique de considération de tout cet héritage, ô combien essentiel dans la compréhension de la ville aujourd’hui encore, et la transmission des témoignages du passé, ferments de développement touristique et de cohésion sociale.

Ci-dessous, une carte non-exhaustive mais la plus détaillée possible, localisant les ateliers de production de porcelaine, de textile, de chaussures, distilleries des quartiers des deux gares à Limoges.

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Illustrations : Google Street / Google Maps ; L. Destrem et Open Street Map pour la carte.




> Réforme du conseiller général et nouvelle carte cantonale : des inquiétudes légitimes !

15012013

> Réforme du conseiller général et nouvelle carte cantonale : des inquiétudes légitimes ! dans Actualité locale B-Gvt-300x33

La réforme de la carte cantonale prévue par le changement de mode d’élection des conseillers généraux part d’une bonne intention. Mais elle se doit de ne pas être précipitée et de garder toute cohérence géographique (et donc sociale, économique, etc.), au nom d’une lisibilité pour l’électeur et d’un bon fonctionnement des nouveaux binômes d’élus. Et donc, de la crédibilité de l’acteur politique local, dont on ne peut que reconnaître le caractère essentiel pour mener des politiques ciblées et pertinentes.

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Force est de constater que le canton est sans doute l’échelon administratif le moins bien identifié par le citoyen. Motivés par la création des justices de paix à la Révolution, ces dernières ont été supprimées en 1958. Dès lors, les cantons ont peu à peu perdu de leur visibilité (d’aucuns diront de leur utilité) avec l’affirmation du rôle de la Région et plus encore l’émergence des intercommunalités, dans les années 1990. Ces dernières, aux compétences de plus en plus transversales, sont de surcroît appelées par la future réforme des collectivités à gagner en légitimité démocratique (par un nouveau système de désignation des conseillers communautaires, faute de suffrage direct encore repoussé par le gouvernement) et en lisibilité géographique (par l’arrêt d’une carte intercommunale pour autant polémique). Pour autant, la place du canton devrait être réaffirmée par la prochaine réforme gouvernementale, à travers l’ambition de redonner un élan aux collectivités locales – donc aux conseils généraux – par une nouvelle décentralisation.

cantons-limousins-carte-263x300 dans Cantonales 2011La réforme, maillon de la grande refonte des modes de scrutin et des modes de fonctionnement des entités administratives françaises (municipalités, intercommunalités), induira un redécoupage de la carte des cantons, rendu obligatoire par les modifications du mode de scrutin départemental en 2015. Un changement annoncé qui fait déjà jaser. Et ceci, à peine trois ans après la première fronde de l’Assemblée des départements de France (ADF), qui s’était vivement opposée à la nouvelle carte proposée par le gouvernement Fillon dans la perspective de l’élection inédite du conseiller territorial, remplaçant mort-né des conseillers généraux et régionaux. Les projets de l’époque avaient pour beaucoup été menés dans le secret, et les départements avaient été placés devant le fait accompli.. et tant pis p.our l’incohérence et l’absence de représentativité équilibrée ! Ainsi donc, une nouvelle opposition pourrait se constituer face aux desseins de l’équipe Hollande. La crainte pourrait une fois de plus se cristalliser autour des risques récurrents du charcutage administratif, et de l’absence de neutralité et de cohérence géographique dans cette refonte territoriale.

Pourtant, les esquisses se veulent rassurantes. Premièrement, en promettant un nouveau redécoupage cantonal, le gouvernement entend réaffirmer l’objectif de parité qu’il s’est déjà fixé à travers les promesses de campagne du candidat Hollande, concrétisées notamment par la composition de ladite équipe gouvernementale. Ainsi, chaque nouveau canton élira deux conseillers départementaux, en binôme, homme et femme. Ce qui est intéressant, même si réel est le risque de perdre du temps à voir le « couple » élu se partager effectivement et efficacement la tâche confiée par les électeurs. C’est au cœur des problèmes posés par la recomposition géographique des entités, on va le voir. D’aucuns ont aussi brandi la menace de voir l’éluE stigmatisée de n’avoir pu se faire élire que « grâce » à un homme. Des craintes véritablement légitimes.

Par ailleurs, la réforme s’accompagnera aussi d’une redéfinition géographique de ces cantons, afin de coller davantage aux nouvelles réalités démographiques. On ne se contentera donc pas de fusionner les cantons actuels deux par deux. Reste à savoir quelles règles conduiront les travaux, et c’est là que le bât pourrait blesser. Redécouper des cantons suivant une règle mathématique, est la façon la plus implacable d’assurer une représentativité juste et équitable : quel que soit le territoire, rural ou urbain, tous les élus, représentent équitablement le même nombre de citoyens, plaçant ces derniers à égalité devant la loi et leur donnant la même légitimité démocratique. Mais une autre question, tout autant importante bien que plus matérielle, émane de ce sujet : quid de la « pratique » du terrain, au jour le jour, et de la réalité de l’espace ? Un vaste territoire rural rassemblant autant d’habitants qu’une petite commune urbaine ne se parcourt pas aussi facilement, et ses problématiques en sont nécessairement différentes (c’est une chose) et surtout plus complexes à traiter dans le même laps de temps et avec les mêmes moyens.

Deux hypothèses, donc. On aurait pu envisager une refonte de la carte à l’échelle nationale (afin de garantir pour chaque Français le même traitement par son conseil général). Si l’on divise la population nationale au 1er janvier 2010 par la moitié du nombre actuel de cantons (puisqu’on cherche au final à garder le même nombre d’élus), on obtient une moyenne d’environ 31 000 habitants par nouveau canton, ce qui laisse au Limousin 24 cantons (contre 106 actuellement), soit à peine plus de la moitié des cantons de la seule Haute-Vienne aujourd’hui. Tous les territoires, urbains et surtout ruraux, en seraient profondément bouleversés. En prenant l’exemple de la partie creusoise du plateau de Millevaches, il faudrait créer un canton d’une centaine de communes et de 2 000 km² pour atteindre le seuil des 31 000 habitants. Impensable, bien entendu, et le gouvernement en a conscience en promettant un redécoupage à l’échelle départementale, l’échelle du conseil général, même si c’est arbitraire.

conseillers-generaux-limousin-2011-265x300 dans GouvernementAinsi, si l’on prend l’exemple de la Haute-Vienne, les 42 cantons actuels sont refondus en 21 (chacun ayant deux élus, donnant toujours un total de 42). Lesdits cantons se partagent les 376 000 haut-viennois, rassemblant donc chacun 18 000 habitants. Ce qui ne pose pas de gros problème en milieu urbain, à Limoges notamment où les cantons sont les plus peuplés, et où le redécoupage sera le moins compliqué. Mais qui sera bien plus difficile en milieu rural, ou des cantons déjà fort étendus sont bien loin de ce seuil (260 km² et 3 700 habitants pour Mézières-sur-Issoire, 290 km² et 4 500 habitants pour Le Dorat, 360 km² et 5 900 habitants pour Eymoutiers). Le problème est le même en Creuse (un nouveau canton pour 9 000 habitants) et en Corrèze (1 pour 13 000). Voire parfois pire, quand on pense aux cantons tels ceux de Gentioux-Pigerolles ou La Courtine, qui ne réunissent même pas 2 000 habitants. Dans les espaces les plus ruraux de la montagne limousine ou de la Marche, il faudrait donc réunir au moins trois ou quatre cantons actuels pour atteindre le seuil de représentativité. Avec ce que cela implique en terme de cohérence géographique et de présence assurée des élus sur le territoire. Quand bien même ils seront deux ! Car si ce dédoublement de personnalité doit compenser l’augmentation de la taille des cantons, rien n’assure que le travail des élus se partagera géographiquement de façon efficace. Et est-ce réellement souhaitable, à ce titre ? On imagine déjà, en dépit de la bonne volonté et de la bonne entente des deux membres du binôme, les risques d’appropriation de tel ou tel élu par certains électeurs, voire la fracture de l’unité des cantons. Et si jamais le binôme ne fonctionne plus, on pense déjà aux dissidences politiques…

La prochaine réforme devra donc veiller à trouver le bon équilibre entre impératif de juste représentativité et cohérence spatiale pour le bon exercice des élus. En revanche, elle n’encadrera pas le personnel politique, ce qui est évidemment normal, mais n’est pas pour nous rassurer, d’autant si l’on repense aux protestations contre le non-cumul des mandats… Alors, oui à une réforme territoriale visant à la relance des politiques publiques à destination des territoires fragilisés, et non au conservatisme électoraliste ! Mais non également à la précipitation !

Illustrations : L. Destrem, 2013




> Pour une université de la cohérence

14012013

> Pour une université de la cohérence dans Gouvernement B-Gvt-300x33

.. ou pourquoi avoir envie de faire confiance aux projets du gouvernement

unilim dans HollandeEn dévoilant les grandes lignes de son projet de loi, Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur, annonce enfin en quoi la politique du gouvernement en la matière est censée répondre aux très fortes attentes des acteurs de l’université et de la recherche, étudiants et employés. Des attentes forcées par des réformes pas toujours très bien comprises et bien menées, durant le quinquennat Sarkozy en particulier. Réforme de la démocratie interne, clarification des licences : des raisons d’espérer !

L’autonomie des universités, si dans l’idéal pourrait susciter l’enthousiasme en ce qu’elle favoriserait l’audace des établissements, se heurte bien souvent, à l’instar des marges de manœuvre des collectivités locales, aux écarts de moyens financiers, matériels et humains des établissements. Selon que l’on a affaire à une grosse université parisienne ou à un petit établissement comme celui de Limoges, les ambitions ne peuvent évidemment pas être les mêmes, et le regroupement des universités en Pôles de recherche et d’enseignement supérieur force au mieux la définition de stratégies plus solides, au pire la marginalisation d’universités vouées à l’annexion par une consoeur, voire à sa suppression (et donc une déliquescence de la qualité des formations pour des centaines d’étudiants provinciaux…). Le match Paris-Province – et même grandes villes contre villes moyennes – ne doit pas être relancé par la concurrence d’universités qui s’élèveraient, mode de scrutin et autonomisation obligent, en petites baronnies. En ce sens, la refonte du mode d’élection du président de l’université, avec la disparition de la prime à la liste en tête et l’arrivée du vote à deux tours, me semble être un très bon signal en faveur de plus de démocratie. Car l’université se doit d’être un espace démocratique, en tant qu’espace d’apprentissage et de formation à l’esprit d’initiative et d’ouverture au monde. Un lieu où l’alternance des équipes et des stratégies et la juste représentation de celles-ci serait garanti. Je pense en outre qu’il faudra demeurer vigilant quant à cette ambition affichée de favoriser des fusions et fédérations d’universités plus lisibles que les PRES. La cohérence scalaire des forces de l’université ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de la mutualisation et du partage des compétences et des expériences, aussi attrayantes ces idées sont-elles.

La volonté de refondre l’offre de licences en la clarifiant part d’un bon sentiment. Sans doute faut-il y percevoir l’ambition d’atténuer le flou caractéristique de la fac, perçu chaque année par les bacheliers qui font le choix de la licence, et se heurtent à des intitulés aussi divers qu’abscons, et à la complexité de plateformes web peu harmonisées. Redorer le blason d’une université en perte de vitesse, à l’image plutôt altérée et au dynamisme aléatoirement vérifié, est vital. Mais n’y a-t-il pas des raisons plus tangibles à ce désamour pour les facultés ? Sans évidemment en appeler à une sélection sévère à l’entrée en première année de licence, j’espère que la redéfinition du mode de gouvernance des universités saura placer les étudiants, leurs projets, la cohérence de leur formation, au cœur de l’université. A ce sujet, aborder la place des fameuses classes préparatoires aux grandes écoles me semble intéressant. Car si ces établissements forment sans nul doute nombre d’élèves à l’acquisition de méthodes de travail, d’un volontarisme dans l’apprentissage et d’un socle de connaissances solide que les étudiants en fac n’ont pas toujours, ils ne contribuent pas nécessairement à former à l’ « esprit » de la recherche universitaire d’une part. D’autre part, sans aucunement tomber dans la facilité de l’argument démagogique, à apaiser les relations entre l’enseignement secondaire et le supérieur universitaire. Sans oublier qu’en dépit de réels efforts pour les démocratiser, ils demeurent bien souvent socialement sélectifs… Pour autant, abolir les fossés de réputation et les préjugés entre ces deux mondes reste un enjeu que des lois, aussi ambitieuses soient-elles, ne parviendront certainement pas à satisfaire aussi vite. L’espoir fait vivre, le dialogue animera cet espoir.







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