> Urbanisme : et si la solution, c’était BIMBY ?
28012013Vous connaissiez peut-être déjà le syndrome NIMBY, onirique acronyme attribué non sans dédain aux impactés des grands projets d’aménagement type LGV, qui combattraient corps et âme les expropriations et les nuisances sonores au nom de leur bien-être personnel. « Not In My Back Yard », pas dans mon arrière-cour. En somme, allez faire vos travaux là où ça n’embête personne. Autrement dit, votre projet est inutile. Mais BIMBY, c’est tout autre chose. Voire le contraire. Car c’est une nouvelle façon de concevoir collectivement la construction de logements et de répondre dans un souci de durabilité à cette demande.
La galerie du CAUE de la Haute-Vienne présentait jusqu’à samedi dernier une exposition itinérante consacrée à BIMBY. « Build In My Back Yard », son interprétation anglophone, signifie « Construire dans mon arrière-cour ». Comme son nom explicité l’indique, c’est un nouveau concept d’urbanisme initié en 2009 par une dizaine de partenaires (collectivités, bureaux d’études et écoles d’architecture) en réponse à un appel à projets de l’Agence nationale de la recherche en faveur des « villes durables ». En d’autres termes, il s’agit de chercher à résoudre les problèmes écologiques, économiques et sociaux posés par la construction de résidences, et donc ce qui en découle, en terme de pression foncière, d’étalement urbain et d’isolement des résidents vis-à-vis des services et des transports publics. Au lieu de créer ex-nihilo de nouveaux lotissements uniformisés, consacrant l’enfermement des riverains et couronnant l’automobile, plus que jamais de façon anachronique, à l’heure de l’épuisement des hydrocarbures, on préfèrerait l’optimisation des terrains disponibles mais pas soupçonnés en zone urbaine. En cela, BIMBY est une démarche de développement durable.
En cherchant à déterminer des remèdes à la crise du logement, au grignotage des espaces dits naturels par la périurbanisation, les préconisations présentées au fil de l’exposition supposent de remplir deux contrats tacites. D’une part, en délaissant une partie de son terrain ainsi dévolu à une nouvelle construction, on peut procéder à des économies financières, voire des bénéfices, que l’on pourra transmettre en patrimoine, ou réinvestir dans une activité économique ou dans une opération de transition énergétique de ses installations domestiques, par exemple. D’autre part, de façon moins auto-centrée, on participe pleinement à l’objectif de durabilité en limitant l’impact environnemental du bâti et en favorisant un potentiel de cohésion sociale du quartier par l’accueil du ménage ainsi convié sur le nouveau terrain, et à travers la consultation conjointe des riverains, sollicitée pour le projet par les spécialistes de l’urbanisme appelés en médiateurs pédagogues.
n’est pas une initiative isolée et inédite. Derrière le terme de « densification urbaine », des dizaines de projets similaires ne portant pas ce vocable ont été menés et continuent d’être portés çà et là. Mais ce concept particulier séduit en ce qu’il demande de lui-même à être approprié par tous, partout où c’est possible, sans que cela ne devienne un label aux modalités et à la paternité contraignantes. En effet, le point fort de BIMBY, c’est sans doute celui de pouvoir être initié par les populations elles-mêmes, pour leur bénéfice propre, et donc d’inciter un nouvel urbanisme véritablement humain et pertinent à l’échelle locale. Et de relancer une nouvelle forme d’éco-citoyenneté. A la différence d’autres programmes urbains, même labellisés Haute qualité environnementale (ce n’est pas une garantie de « haute qualité de concertation »… ) Et pour la conduite concrète des aménagements, pas besoin de réforme constitutionnelle, de simples agencements des documents d’urbanisme (PLU, SCOT, PADD) sont requis. Évidemment, les projets se doivent de demeurer écologiquement cohérents et de ne pas nuire à la qualité de vie en sacrifiant des espaces de vie suffisamment spacieux au nom du gain économique à tout prix.
Ce qui est présupposé, c’est que l’émergence de ce type d’initiatives à une échelle quantitative satisfaisante ne saurait se passer d’une prise de conscience générale et collective des problématiques de la durabilité, et d’une assez bonne identification par la population des modalités de la transition écologique. Un éveil que les responsables politiques et associatifs se doivent de susciter, par l’encouragement à la participation démocratique des citoyens à la vie publique. Loin de toute euphorie écologisante et déconnectée de la réalité, ou de toute attitude démagogique, l’engagement des municipalités en faveur de cet enjeu de cohérence devrait être une règle morale de l’action politique.
Le site de Bimby : [ici]
Le site du CAUE 87 : [ici]
Images : (c) Projet Bimby
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