> Législatives en Limousin : bilan du 2nd tour
23 06 2012Pour cette XIVe législature de la Cinquième république, Catherine Beaubatie et Sophie Dessus sont les deux nouvelles députées du Limousin. Les médias se sont déjà relativement intéressés à ces deux personnalités, l’une parce qu’elle cherchait à prendre la suite de Marie-Françoise Pérol-Dumont, et surtout parce qu’elle devait affronter la dissidence de Monique Boulestin. L’autre, révélée au grand jour par Jacques Chirac, parce qu’elle briguait le siège de François Hollande. Représentantes de la nouvelle majorité parlementaire, elles rejoignent donc sur les bancs de l’Assemblée Alain Rodet (élu depuis 1981), Daniel Boisserie (depuis 1997), Michel Vergnier (depuis 1997) et Philippe Nauche (depuis 2007, après une première élection en 1997), élus sans difficulté, et permettent au Limousin d’être l’unique région à réaliser un « grand chelem »*, qui lui avait jusqu’alors toujours échappé. Une situation largement facilitée par le redécoupage électoral et la victoire d’un socialiste à l’élection présidentielle. En 1981, la droite avait conservé un député (Jacques Chirac) et en 1993, la gauche avait arraché un siège à la vague bleue (Alain Rodet).
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Cette année, Catherine Beaubatie était favorite du scrutin, même si elle se présentait dans la circonscription la plus « à droite » du département, où se lançait Jean-Marc Gabouty, figure de la droite modérée haut-viennoise. Les stigmates potentiels de la candidature de Monique Boulestin n’ont pas été décelés, les reports de voix de l’ancienne députée s’étant visiblement très bien réalisés sur la candidature officielle. Âgée de 47 ans, cette enseignante à mi-temps à l’école de reconversion professionnelle Féret-du-Longbois occupait jusqu’alors un poste d’adjointe au maire de Limoges (en charge de la vie économique, du développement des entreprises, de l’emploi et du commerce), et de 4e vice-présidente du Conseil régional, chargée de la « coordination du pôle ressources », deux fonctions dont elle a d’ores et déjà démissionné. Elle est par ailleurs présidente de Cœur de Limoges, vice-présidente de la Maison du Limousin et présidente de la Foire-exposition de Limoges.
En Corrèze, Sophie Dessus n’avait pas eu affaire à de concurrents lors de la procédure de désignation du candidat socialiste de la 1e circonscription du département. Mais son élection au premier tour sur un territoire nouveau et vaste, n’était néanmoins pas acquise. Michel Paillassou, le maire UMP d’Egletons, a donc fait les frais de la mobilisation importante (près de 70 %) des électeurs de la Hollandie. D’où l’heureuse émotion de celle qui prend donc la suite du nouveau président de la République. Sophie Dessus, 56 ans, apparentée à Simone de Beauvoir par sa grand-mère, vice-présidente du conseil général de Corrèze jusqu’à ces jours derniers, a exercé de nombreuses années le métier d’agricultrice avant d’être portée en 2001 à la mairie d’Uzerche. Un poste qu’elle souhaite d’ailleurs conserver, au nom de la proximité et d’un ancrage nécessaire dans la réalité du terrain. En dépit de la nouvelle règle du non-cumul des mandats, édictée par François Hollande lui-même.
Doit-on pour autant parler de renouvellement ? La question est posée, et fait même des vagues à l’UMP haut-viennoise. Comme prévu, la stratégie portée par le responsable départemental, Frédérick Peyronnet, lui-même candidat défait, est remise en cause par les élus limougeauds dont Camille Geutier et Sarah Gentil. Si l’on se bat déjà pour la présidence nationale de l’UMP, la lutte existe aussi pour la quête du siège départemental laissé vacant par Alain Marsaud, parti se faire élire à l’étranger. A gauche, la victoire repousse forcément le renouvellement générationnel, mais la question sera forcément reposée dès 2014, avec les échéances d’autant plus importantes – non-cumul des mandats oblige – que sont les élections municipales. Quoi qu’il en soit, l’arrivée de ces nouvelles parlementaires est l’occasion de dresser un petit bilan des scrutins législatifs en Limousin depuis 1958. Féminisation, moyenne d’âge, bord politique ; en somme, un rapide portrait du député limousin de la Cinquième république.
FEMINISATION
Avec deux femmes sur 6 élus, soit un taux de féminisation de 33 %, record historique pour la région, le Limousin est dans la moyenne nationale (27 %, soit près de 10 points et 48 élues de plus que dans la législature précédente). En valeur absolue (2), c’est aussi bien qu’en 2007 (Monique Boulestin et Marie-Françoise Pérol-Dumont étaient alors députées). A noter que seuls trois duels ont opposés une candidate à un candidat, et que Florence Prévot-Sola est la seule à avoir été défaite, par Alain Rodet. En 2007, sur 9 duels, 5 opposaient une candidate à un candidat (1 élue : Monique Boulestin ; 4 vaincues : Brigitte Jammot contre Michel Vergnier, Martine Leclerc contre Jean-Pierre Dupont, Évelyne Guilhem contre Daniel Boisserie et Sarah Gentil contre Alain Rodet), et 1 voyaient deux femmes s’affronter, Marie-Françoise Pérol-Dumont contre Béatrice Martineau.
ÂGE ET RENOUVELLEMENT
Ce que l’on peut remarquer, c’est que l’ « effet alternance » sur la composition (et principalement l’âge) des députés, que l’on a pu observer en 1981, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, et donc de nouveaux députés à l’Assemblée, ne s’observe plus. A l’échelle du pays, peut-être par l’allongement de la durée de vie ? A l’échelle locale, où la gauche maintient de plus en plus ses positions quelle que soit la majorité nationale, c’est vraisemblablement par un léger verrouillage du personnel politique. Ainsi, Alain Rodet, 68 ans, était déjà député en 1981, âgé alors de 37 ans tout juste. Il entame cette année son 8e mandat. En Creuse, la digne sortie de Jean Auclair après 4 mandats permet à Michel Vergnier d’entamer seul sa 4e législature. 4e mandat pour Daniel Boisserie également. L’élection de Catherine Beaubatie et Sophie Dessus, jamais députées, permet toutefois un renouvellement d’un tiers des élus du Limousin, proportion qui n’avait plus été atteinte depuis 1997.
La Haute-Vienne n’a plus élu de député trentenaire depuis Évelyne Guilhem en 1993. Longtemps plus jeune que la moyenne nationale, le contingent des députés régionaux est depuis 2007 plus âgé. Au final, l’actuelle législature est la première dans l’histoire de la Ve République, où la moyenne d’âge des députés limousin atteint la barre des 60 ans, alors que la moyenne des vaincus du scrutin s’élève à 50 ans.
BORD POLITIQUE
Pour la première fois, donc, tous les sièges – six – sont occupés par la gauche. Le record numérique de sièges à gauche (8 sur 9 en 1981), ne pourra cependant plus être battu. Dans les circonscriptions (ou équivalents) déjà tenus par la gauche, les socialistes améliorent leur score de 2007 (+ 8 pts pour Daniel Boisserie et Philippe Nauche, + 3 pts pour Alain Rodet). Michel Vergnier ne perd que 3 points sur la Creuse entière par rapport à son ancienne circonscription. Petite consolation pour Jean-Marc Gabouty, qui en dépit d’une défaite, l’emporte dans 14 communes contre 7 pour Béatrice Martineau en 2007, et améliore de plus de 5 points le résultat de l’ancienne candidate. De façon logique, dans l’autre sens, l’UMP signe de mauvaises performances, la palme revenant à Florence Prévot-Sola, qui fait moins bien que Sarah Gentil avec moins de 31 %.
* et à la Corrèze, la Creuse et la Haute-Vienne d’être trois des 24 départements de France métropolitaine à n’envoyer que des députés de gauche au Palais Bourbon (contre 11 en 2007 et 6 en 2002).
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