
L’humour carabin entretient la crainte d’avoir à manger par mégarde un morceau de cadavre conservé pour le besoin des études de médecine. Mauvais présage qu’est celui découlant d’une invitation à se rendre devant une forêt à la tombée de la nuit. Cela a beau faire 12 ans que le bizutage – entendez « amener autrui contre son gré ou non à subir ou commettre des actes humiliants ou dégradants », dans le cadre scolaire, universitaire, voire professionnel – est interdit, et donc passible de peines de prison (6 mois) et amendes (7 500 €), cette pratique perdure toujours, malheureusement.
Rite d’intégration ou coutume pour les uns, manipulation, humiliation et hantise pour les autres, le bizutage reste chaque année un passage quasi-obligé pour nombre d’étudiants. Quasi-obligé, car si désormais, certainement par crainte de la répréhension, on menace moins directement les réfractaires, la crainte de se voir refuser certains avantages liés au statut d’étudiant dans l’école, ou encore de se voir rejeté par les autres, est assez grande pour forcer les « première année » à se soumettre aux directives revanchardes de leurs aînés, trop contents d’enfin satisfaire leur désir de domination. Sans parler de la loi du silence, véritable masque de la dépression…
Il est vrai que beaucoup d’entre-eux s’en sortent bien, si j’ose dire, mais pour combien de traumatismes ? D’autant plus qu’aux écoles dont le seul nom suffit à évoquer le bizutage (Mines, Arts et métiers, facs de médecine, …) peuvent dans certaines villes s’ajouter des filières a priori épargnées (facs de lettres, …).
L’école, l’université, les grandes écoles, sont destinées à former les futurs professionnels. Mais aussi à préparer les jeunes à devenir adultes responsables et intégrés dans la société. Nuance.
Cet article n’a pour rôle que de rappeler combien le bizutage est inutile, mais aussi potentiellement dangereux. Refusons-le, et dénonçons-le.
Lien : Comité national contre le bizutage
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