
« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme ». Cette phrase lapidaire mais limpide est extraite de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. En cette journée internationale pour la liberté de la presse, force est de constater que partout et régulièrement, les atteintes à ce droit, et même ce devoir, sont toujours légion.
La France est le premier pays européen en terme de perquisitions dans les rédactions et d’arrestations de journalistes. Comme l’explique Henri Pigeat, ancien président de l’AFP, la France continue à préserver fortement le sens de la collectivité, ce qui explique que la liberté de la presse soit si surveillée, et que le journaliste soit soupçonné de partialité. En présence d’un journalisme dit « passif », il paraitrait donc logique que les libertés soient moindres ; une situation qui est différente dans les pays anglo-saxons, par exemple, où l’exigence critique est toute autre.
43e dans le classement 2009 des pays selon le respect de la liberté de la presse, la France se place ainsi au 22e rang des pays de l’Union Européenne (notons que 7 des 10 premières places du classement mondial sont occupées par des pays de l’UE). Loin, très loin derrière les pays nordiques, mais
loin aussi derrière les Etats-Unis, le Ghana, la Jamaïque ou la Namibie, notre république côtoie désormais l’Espagne, 44e, minée par l’influence persistante de l’ETA, mais n’est plus très loin devant l’Italie berlusconnienne, par ailleurs rongée par la mafia, placée en 49e position.
Notons que la France se plaçait 35e de ce classement en 2006. Nicolas Sarkozy a été élu président de la République en mai 2007. Mais peut-on vraiment attribuer à l’élection de Nicolas Sarkozy et l’avènement de l’ère des liaisons dangereuses entre pouvoir politique et puissance médiatique, la mauvaise image de notre pays en terme de liberté de la presse ? Les différentes affaires qui ont émaillé l’actualité depuis plus de deux ans et écorné encore davantage l’image du chef de l’Etat, sont autant de preuves irréfutables. Ce reportage tourné par la TSR (Télévisions suisse-romande) en est un autre exemple, montrant ô combien les médias étrangers peuvent porter un regard éclairant sur notre propre système.
Certes, en France, il y a peu de chances qu’on découvre une journaliste s’étant clairement prononcée en défaveur du président en place se voir assassinée au sortir de chez elle, comme c’est le cas en Russie. Certes, en France, les dirigeants des grandes chaînes ou de grands groupes audiovisuels ne sont pas encore ministres ou autres, comme on peut le voir de l’autre côté des Alpes, lorsque Berlusconi à la mainmise sur trois chaines de télé. Certes.
Mais cela ne fait pas de notre pays un non exemple. Sûrement pas. La désignation programmée du président de France Télévisions par l’Elysée-même, les décisions prises par le chef de l’Etat lui-même avant une quelconque consultation des instances dirigeantes des chaînes (cf. la suppression de la pub que Patrick de Carolis a apprise par la télé), les menaces de restrictions en tout genre, les menaces de licenciements, … tout laisse à penser que la France sarkozyste est moins amie avec ses médias qu’avant.
Plus globalement, les autorités de la patrie des droits de l’homme se devraient plus que jamais de bien relire les lignes de notre Déclaration de 1789, modèle de libertés et d’égalité. Et d’en appliquer les valeurs.
Photos : campagne de RSF en 2003 ; une de Télérama n°3145 ; campagne de RSF en 2008.
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